Conversation avec Karine Lacombe

Interview paru dans Ça M’intéresse Santé n°18 été 2021 /

Cheffe du service des malades infectieuses de l’hôpital Saint Antoine (AP-HP Paris), chercheuse à l’Inserm et professeure à Sorbonne Université, elle devenue l’une des figures publiques de la crise sanitaire. Dans les médias comme sur les réseaux sociaux, elle n’a d’autre objectif que d’informer sans donner de faux espoirs.

ÇAM Santé : Pourquoi êtes-vous devenue médecin infectiologue ?

Karine Lacombe : Médecin, c’est une vocation. Mon désir s’est exprimé quand j’avais 4-5 ans et je n’ai jamais envisagé d’autre métier. C’est probablement lié à notre médecin de famille qui était quelqu’un d’extrêmement présent, la nuit, le week-end, et qui avait ce pouvoir de nous guérir. Avec mes yeux d’enfant, je trouvais que c’était le plus beau métier du monde ! Infectiologue, c’est une histoire de circonstances et de rencontres. Au début, j’ai fait de la santé publique, je voulais prendre en compte toutes les dimensions de la santé, physique et mentale. Puis je me suis passionnée pour les épidémies et les opportunités m’ont amenée jusqu’à l’infectiologie. 

Auriez-vous un jour imaginé vivre une telle crise sanitaire ?

Le risque épidémique, nous travaillons avec depuis longtemps. Au début des années 2000, il y avait les menaces de bioterrorisme, les craintes face à des armes virologiques ou bactériologiques. Nous savions aussi que les bouleversements écologiques dus au changement climatique et les échanges internationaux augmentent le périmètre de certaines infections comme la dengue ou le Zika. La menace d’une épidémie liée à un virus respiratoire pesait aussi. Il y a eu des alertes avec le premier SARS-CoV en 2002-2004 puis les épidémies sporadiques de MERS-CoV et évidemment la grippe H1N1 en 2009. Contre ce virus-là, nous avions déjà un vaccin. Si cela n’avait pas été le cas, peut-être aurions-nous connu une pandémie ? Donc oui, on s’y attendait. Même si en janvier 2020, personne n’a imaginé que l’épidémie naissante prendrait une telle ampleur. Quand on a compris que le virus SARS-CoV-2 pouvait être transmis par des personnes asymptomatiques ou présymptomatiques, il déjà trop tard pour contenir la pandémie.

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