Des chevaux au service de la recherche

Cheval Magazine n°527 – octobre 2015 /

La Station expérimentale de Chamberet est un outil unique en son genre pour les chercheurs travaillant sur le cheval. Elle met à leur disposition un troupeau de 200 chevaux dans des conditions de travail idéales.

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« On ne fait pas de recherche de qualité avec des animaux élevés dans de mauvaises conditions », déclare Pascale Chavatte-Palmer, chercheuse en biologie du développement et de la reproduction à l’INRA. À voir galoper juments et poulains dans ces vertes prairies corréziennes, on ne doute pas une seconde de leur bien-être. Car ce vaste troupeau est bel et bien un outil de recherche. À l’instar de l’accélérateur de particules du CERN, la Station expérimentale de Chamberet est même un outil unique en son genre ! « Autant de chevaux réunis sur un même site, avec des poulains conservés jusqu’à leurs 3 ans, et des conditions d’élevage et d’alimentation parfaitement maîtrisées, cela n’existe nulle part ailleurs. Beaucoup de nos collègues étrangers nous envient ! »

La maîtrise des paramètres d’élevage

L’objectif d’un chercheur est de contrôler tous les paramètres de ses expériences. Mais quand on travaille avec des animaux en dehors d’un laboratoire, c’est très difficile. Lorsqu’on étudie la croissance des poulains par exemple, il existe un très grand nombre de variables : l’alimentation, la génétique, les conditions environnementales… À Chamberet, une grande majorité de ces facteurs est contrôlée. Tous les chevaux vivent dans le même environnement et leur alimentation est parfaitement maîtrisée, « du brin d’herbe jusqu’aux granulés », résume Laurence Wimel, directrice de la Station. En effet, la Station est propriétaire des 110 hectares sur lesquels pâturent les chevaux 8 mois par an : elle en contrôle tous les intrants et examine régulièrement les caractéristiques alimentaires de l’herbe. De plus, la Station produit elle-même le fourrage nécessaire l’hiver, a mis au point avec des fabricants d’aliments industriels sa propre formule de concentrés et dispose d’un distributeur de ration avec système d’identification (ce qui permet de maîtriser automatiquement les rations individuelles).

Par ailleurs, « nous gommons l’effet paternel en utilisant un seul étalon (issu des Haras Nationaux, et depuis cette année de France Étalons, ndlr) pour féconder nos juments trois années de suite. Double avantage : un groupe homogène d’une centaine de poulains qui ne diffèrent que par leur lignée maternelle et l’acquisition d’un maximum d’informations sur la génétique de cet étalon », précise Laurence Wimel.

Des recherches diversifiées

Autre avantage, le savoir-faire de son personnel : « les techniciens recueillent tous les échantillons et les conditionnent pour que nous puissions ensuite les analyser dans notre laboratoire. Sans leur aide, nous ne pourrions pas mener de telles recherches », explique Pascale Chavatte-Palmer, qui travaille avec les chevaux de la Station depuis presque 20 ans et mène actuellement des recherches sur les origines fœtales et développementales des maladies chez le cheval. « Nous suivons la santé des poulains jusqu’à leur 3 ans, en fonction de leur alimentation et de celle de leur mère durant la gestation. Nous étudions par les effets de la surnutrition maternelle sur la croissance du poulain. »

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