Essais précoces en oncologie

Dossier paru dans le Journal de l’Institut Curie n°119 – septembre 2019 / 

Les premières étapes de la recherche clinique sont indispensables pour envisager la tolérance et l’efficacité de nouvelles stratégies thérapeutiques.  Ces dernières années en France, le nombre d’essais précoces s’est multiplié, au profit d’un plus grand nombre de patients qui y participent. 

« Les essais précoces sont indispensables pour envisager la médecine de demain et après-demain », explique le Pr Steven Le Gouill, chef du service hématologie du CHU de Nantes. En France, ce domaine de recherche est extrêmement dynamique, et cela profite aux patients qui sont ainsi plus nombreux à avoir accès à des thérapies innovantes. Réaliser un essai précoce, c’est en effet tester pour la première fois en conditions réelles chez des malades, une nouvelle molécule testée in vitro ou chez l’animal, ou bien un médicament déjà connu mais qui va être utilisé dans une nouvelle stratégie, par exemple dans un autre type de cancer (nouvelle indication), ou combiné avec une autre molécule (association). Concrètement, un essai de phase I permet de s’assurer de la sécurité et de la faisabilité d’un nouveau traitement, et de déterminer la dose optimale en le testant chez quelques dizaines de malades, souvent en rechute dans le cas de cancer. Alors qu’une phase II s’intéresse plus particulièrement à l’efficacité de cette nouvelle approche thérapeutique, chez une voire plusieurs centaines de patients. Parfois, ces deux étapes sont combinées en une seule, et l’on parle alors d’essai clinique de phase I-II. 

L’essor de la médecine de précision

Si ces essais sont de plus en plus nombreux, c’est parce qu’il y a beaucoup de nouveaux médicaments à évaluer. En effet, avec le développement ces dernières années de la médecine de précision qui permet de définir des caractéristiques moléculaires des cancers, la recherche fondamentale a découvert de nombreuses nouvelles cibles contre le cancer. Il ne s’agit désormais plus de combattre un cancer uniquement en fonction de sa localisation et de son stade de développement, mais bien de prendre aussi en compte ses caractéristiques moléculaires. En analysant cela à partir d’un prélèvement tumoral voire d’une prise de sang, il est désormais possible d’orienter le patient vers une thérapie ciblée ou une immunothérapie lorsqu’elle existe. 

Dans ce domaine de la médecine de précision, l’essai précoce SHIVA01 a marqué un réel tournant. Lancé en 2012 dans plusieurs centres de lutte contre le cancer, c’est le premier essai comparatif au monde dans lequel le choix thérapeutique fondé exclusivement sur le profil moléculaire du cancer indépendamment de sa localisation a été comparé aux traitements classiques. Si cela n’a pas été efficace pour augmenter la durée de vie des malades par rapport aux traitements standards, l’essai a cependant permis de démontrer la faisabilité de cette approche : la réalisation de la carte génétique des cancers des patients en moins d’un mois. De sorte qu’un essai SHIVA02 a pu être initié dès 2016, avec cette fois un objectif plus précis : valider cette approche de médecine de précision dans un sous-groupe des patients porteurs d’une tumeur présentant une altération moléculaire affectant une voie plus spécifique. 

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