Péridurale ambulatoire : plus qu’une anesthésie

avril 2014 –  Profession Sage Femme

La péridurale ambulatoire permet aux femmes d’être mobile pendant le travail tout en soulageant leur douleur. Elle s’est développée dans les années 1990 grâce notamment à la mise au point de nouveaux produits anesthésiques. Portée aux nues par quelques maternités, elle reste cependant très minoritaire en France. Elle implique en effet de repenser l’accompagnement des parturientes et nécessite une réelle implication de l’ensemble du personnel soignant.

« Les femmes devraient marcher le plus possible pendant la phase de dilatation pour que cela fasse descendre la progéniture le plus bas possible », déclarait au 16e siècle Louise Bourgeois, première sage-femme à avoir écrit un manuel d’obstétrique. De fait, pendant des siècles, la position verticale et la déambulation ont été préférées par les parturientes. Avec le développement de l’analgésie péridurale dans les années 1970, elles se sont soudain retrouvées clouées au lit. Car si la péridurale permet un soulagement efficace de la douleur, elle avait aussi pour conséquence, de provoquer un bloc-moteur.

Soulager n’est pas immobiliser

Durant les années 1990, de nombreuses études nord-américaines se sont intéressées à la péridurale ambulatoire, ou plutôt déambulatoire comme il convient de l’appeler : de nouvelles molécules sont apparues, les doses injectées ont été réduites, de quoi permettre aux femmes sous péridurale d’être mobiles pendant le travail. Des équipes françaises ont alors franchi le pas. C’est le cas de la maternité d’Antony (92) : « Nos anesthésistes et gynéco-obstétriciens ont toujours été mobilisées en faveur d’un accompagnement personnalisé des mamans. Ils ont commencé à proposer la péridurale déambulatoire il y a déjà plus de 15 ans », explique Mathilde Le Noac’h, cadre sage-femme de l’hôpital privé d’Antony, une maternité de niveau 2 qui réalise plus de 3200 accouchements par an. « Nous sommes en faveur de la mobilisation des patientes car nous avons observé qu’ainsi le travail se passe mieux, l’ouverture du col est plus régulière, sans stagnation, donc on a moins besoin de Syntocinon, le bébé s’engage mieux, et surtout la satisfaction des mamans est bien plus importante, remarque-t-elle. Même si toutes ne marchent pas, elles peuvent s’asseoir sur la table d’accouchement, changer de position et accoucher dans la position de leur choix. » Même son de cloche à Thonon les Bains (74) : « Plus que la déambulation elle-même, c’est la mobilité des femmes que nous recherchons, ainsi elles se sentent plus actrices de leur accouchement, et cela a un retentissement sur leur confort et leur satisfaction », déclare Dominique Louis, sage-femme cadre supérieur à la maternité du Léman de niveau 2a, qui réalise 1500 accouchements par an.

Des techniques unifiées, ou pas.

Certaines maternités pratiquent des protocoles similaires pour la péridurale déambulatoire et la péridurale « classique », utilisant les mêmes produits avec les mêmes concentrations, aux femmes ensuite de choisir si elles veulent ou non se lever et marcher. « La moitié des accouchements que nous réalisons le sont sous péridurale. Pour toutes ces femmes, le dispositif est le même. Ensuite on constate que certaines femmes vont s’emparer de cette mobilité, marcher, s’assoir le ballon… D’autres vont à peine changer de position sur leur lit. », explique le Dr Guillaume Théry, obstétricien à la maternité du Léman. En pratique, toutes les maternités interrogées attendent que le travail soit clairement engagé pour poser la péridurale. Les contre-indications sont alors les mêmes que pour une péridurale classique. La seule exigence particulière, c’est que les femmes soient accompagnées, en général par leur mari, afin de ne pas se déplacer sans surveillance. L’intérêt de procéder de la même façon pour toutes les péridurales est double : les femmes n’ont pas à se décider à l’avance de si elles marcheront ou pas, leur choix peut donc évoluer tout au long du travail sans qu’il soit irréversible, d’autre part les risques liés aux produits utilisés et donc la surveillance opérée par les sages-femmes sont les mêmes pour toutes les patientes.

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