Recherche appliquée : toujours plus loin pour les patients

Mai 2010 – Journal de l’Institut Curie n°82

Médecins, chercheurs, industriels et patients sont les acteurs incontournables de la recherche clinique. La lutte contre le cancer passe par des études permettant de mieux identifier les tumeurs, de les cibler avec plus de précision, mais aussi d’améliorer la qualité de vie des malades. Les défis sont nombreux et la France fait partie des leaders mondiaux de la recherche en cancérologie.

 

Plus rapide, plus ciblée, les récents progrès de la recherche clinique en oncologie donne des raisons d’espérer à de nombreux malades. À elle seule, l’histoire de l’Herceptin résume cette évolution. Le Dr Patricia Tresca, oncologue médicale à l’Institut Curie, raconte : « dans les années 1980, l’essor important de la recherche a permis d’identifier le récepteur Her2 à la surface des cellules de certains cancers du sein. Présent dans 20 % des cas, il est associé à mauvais pronostic. Ce récepteur étant impliqué dans la prolifération des cellules tumorales, il constituait une excellente cible. » En 1990, l’entreprise américaine Genentech, devenue depuis un leader mondial dans le secteur des biotechnologies, met au point une molécule qui bloque ce récepteur Her2. C’est la naissance de l’Herceptin.

Une recherche accélérée

« Les premiers essais cliniques ont débuté deux ans plus tard, avec le laboratoire Roche. À l’Institut Curie, avec d’autres, nous y avons participé. En parallèle, des recherches étaient menées pour améliorer la détection des femmes porteuses d’Her2 mais aussi pour mieux comprendre le fonctionnement de ce récepteur ». En 1998, les résultats sont sans équivoque : l’Herceptin est active. « C’est la première fois dans l’histoire de la cancérologie qu’une molécule présentait une telle efficacité, et c’était d’autant plus important qu’auparavant, nous n’avions quasiment aucune solution thérapeutique pour ces femmes-là », s’enthousiasme le Dr Tresca. La même année, l’Herceptin obtient une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis et deux ans plus tard en France. Jamais le développement d’un médicament en oncologie ne fût aussi rapide.

« La molécule a ensuite été testée en adjuvant, c’est-à-dire tout de suite après une chirurgie et a montré une amélioration de la survie de 50% ce qui nous a permis de l’utiliser à un stade plus précoce de la maladie. » Aujourd’hui, la recherche sur cette molécule continue : « on teste des associations et notamment avec d’autres thérapies ciblées. Comme c’est une molécule plutôt bien tolérée, les essais sont nombreux et portent sur une utilisation de plus en plus précoce », explique le Dr Tresca.

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