Thérapies ciblées, une révolution pas à pas

Article paru dans “The Good Life” en février 2020 /

Cette médecine de précision vient compléter l’arsenal actuel de la lutte anticancer. Son développement va de paire avec celui des tests de génétique moléculaire, indispensables à sa mise en œuvre.

« Le concept de thérapie ciblée contre le cancer n’est pas nouveau, mais il a fait énormément de progrès ces vingt dernières années, explique le Pr Fabrice André, spécialiste de la prise en charge des cancers par médecine personnalisée à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif (Val-de-Marne). Grâce à l’amélioration des outils technologiques, on a pu multiplier les découvertes de nouvelles cibles et donc la mise au point de nouveaux médicaments. » De fait, il existe aujourd’hui 35 médicaments dits de thérapie ciblée ayant une autorisation de mise sur le marché en France. Des dizaines d’autres sont testés dans le cadre d’essais cliniques. C’est ce foisonnement qui a permis à la lutte anticancer d’opérer le virage de la médecine de précision depuis le début des années 2000, et de remporter quelques victoires. 

S’attaquer à des cibles précises

Les thérapies ciblées sont des médicaments conçus pour bloquer des mécanismes précis, impliqués dans la croissance, la multiplication et la dissémination des cellules cancéreuses. L’objectif est donc de stopper le développement de la tumeur, alors que la chimiothérapie et la radiothérapie ont un but beaucoup plus radical, celui de détruire les cellules cancéreuses. Cela explique pourquoi avec ces thérapies ciblées, on limite les dommages sur les cellules saines, ce qui n’est pas toujours le cas avec des traitements plus classiques. Les thérapies ciblées s’utilisent rarement seules, elles viennent le plus souvent compléter une première phase de traitement, et sont administrées par voie orale, et parfois par injection.

« Les premières thérapies ciblées sont les hormonothérapies mises au point dans les années 1980 », précise le Pr Fabrice André. En effet, des études avaient auparavant révélé que tous les cancers de la prostate à fort risque évolutif et près des trois quarts des cancers du sein se développent sous l’influence des hormones sexuelles. Il a suffi donc de mettre au point des médicaments bloquant la synthèse ou les effets de ces hormones pour freiner efficacement la progression de ce type de cancers. 

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