Dossier paru dans Recherche & Santé n°157 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – automne 2018 /
Extraits
Ce sont les antibiotiques qui créent les résistances.
FAUX C’est un phénomène naturel et spontané, qui repose sur la survenue de mutations génétiques dans le génome des bactéries lorsque celles-ci se multiplient. Par contre les antibiotiques, en éliminant les bactéries sensibles et en laissant se développer les bactéries résistantes, accélèrent la diffusion de ces résistances dans l’ensemble de la population bactérienne. On dit que les antibiotiques exercent une pression de sélection sur les bactéries.
Aucun nouvel antibiotique n’a été découvert depuis 30 ans.
FAUX Régulièrement des équipes scientifiques à travers le monde publient des études où elles relatent la découverte d’une nouvelle molécule capable de tuer des bactéries, même résistantes, ou de les empêcher de se multiplier. Mais il est extrêmement rare que cela conduise au développement puis à la commercialisation d’un nouvel antibiotique. On estime en effet que cela prend 10 ans et coûte 1 milliard de dollars en moyenne pour développer un nouveau médicament… Des antibiotiques appartenant à des familles déjà connues ont été mises à disposition et améliorent les performances des molécules plus anciennes. De nouvelles combinaisons de molécules ont aussi été mises au point ces dernières années. Cependant aucune famille d’antibiotiques résolument nouvelle n’a été mise sur le marché depuis 30 ans.
Les antibiotiques sont donnés à des animaux en bonne santé.
VRAI Lorsqu’une bête ou deux sont malades dans un élevage, l’éleveur ne peut pas toujours se focaliser uniquement sur celles-ci, et l’ensemble du troupeau peut être traité préventivement pour ne pas risquer que la maladie se propage. Par ailleurs, les antibiotiques sont aussi utilisés comme facteur de croissance : donnés à des animaux en parfaite santé, ils accélèrent en effet leur prise de poids. À cause des problèmes d’antibiorésistance, l’Union Européenne a formellement interdit cet usage depuis 2006, mais c’est encore le cas en Amérique du Nord et du Sud, et en Asie…
Même si l’on se sent mieux, il faut terminer son traitement antibiotique.
VRAI Il est très important de respecter la prescription médicale, écourter un traitement antibiotique avant la durée prévue peut d’une part augmenter le risque pour le patient de retomber malade si toutes les bactéries n’ont pas été éliminées, et d’autre part favoriser la dissémination de bactéries résistantes à l’antibiotique. Seul un médecin peut décider d’écourter un traitement, et sur la base d’arguments cliniques ou biologiques.
Santé animale, santé humaine, même problème.
VRAI Afin de lutter plus efficacement contre les résistances aux antibiotiques et contre les maladies infectieuses émergentes dont 75 % sont d’origine animale, le concept « Un monde, une santé » se développe depuis quelques années. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) travaillent ainsi de concert pour un meilleur usage des antibiotiques et pour lutter contre les maladies émergentes.