Article paru dans Recherche & Santé n°153 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – hiver 2018 /
Non, les données épidémiologiques sont assez claires sur ce point : avant l’âge de 10 ans, la prévalence de l’asthme allergique est plus importante chez les garçons que chez les filles, mais cette tendance s’inverse après la puberté. Ainsi chez l’adulte, cette maladie est deux fois plus fréquente chez les femmes, et celles-ci ont tendance à développer une forme plus sévère. De quoi suspecter un lien entre le système immunitaire, impliqué dans cette pathologie, et les hormones sexuelles. C’est pour mieux comprendre cette interaction que Jean-Charles Guéry et son équipe du Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan se sont intéressés à l’impact des hormones sexuelles sur les cellules immunitaires impliquées dans l’asthme. Ils ont d’abord montré que comme chez l’homme, les souris mâles développent un asthme allergique aux acariens moins sévère que les souris femelles. Ils ont observé un nombre de cellules immunitaires lymphoïdes innées de type 2 (lire ci-contre) moins important dans les poumons des souris mâles. Ces différences entre mâles et femelles disparaissent lorsque les mâles sont castrés, ce qui suggère un rôle protecteur des hormones mâles comme la testostérone. En effet, les cellules immunitaires ILC2 possèdent un récepteur aux hormones mâles. Les chercheurs toulousains ont alors poursuivi par des études in vitro dans lesquelles ils ont montré que la testostérone inhibe le développement des ILC2, tandis que l’effet inverse est obtenu avec une molécule qui bloque l’activité de cette hormone. Ainsi, « le récepteur aux hormones mâles pourrait représenter une nouvelle cible thérapeutique, dans le but d’inhiber l’action des cellules lymphoïdes innées de type 2 chez les patients asthmatiques. À moyen terme, cela pourrait devenir un traitement de l’asthme allergique chez l’être humain », estime Jean-Charles Guéry.
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L’asthme concerne plus de 4 millions de personnes en France. C’est une maladie complexe, qui se caractérise principalement par une inflammation chronique des voies respiratoires et une hyperréactivité des bronches. Les malades souffrent d’une gêne respiratoire qui s’aggrave lors des crises. Il s’agit d’une maladie multifactorielle dans laquelle l’allergie joue un rôle important : face à un allergène, le plus souvent présent dans l’environnement plus que dans l’alimentation, le système immunitaire des patients réagit de façon excessive et déclenche une crise asthmatique. Récemment, il a été montré que dans les poumons, certaines cellules immunitaires appelées cellules lymphoïdes innées de type 2 (ou ILC2) jouent un rôle central dans l’initiation et le contrôle de la réponse immunitaire conduisant au développement de la maladie.