Bactériophages : de « nouvelles » armes contre les bactéries ?

Santé Magazine mai 2016 n°485 /

phages

Les résistances bactériennes aux antibiotiques sont un problème de santé publique de plus en plus inquiétant. Les bactériophages, ces virus « mangeurs » de bactéries, pourraient bien être un élément de réponse.

En juin dernier, l’Agence Européenne du Médicament a organisé la première réunion d’experts pour discuter du potentiel thérapeutique des bactériophages (ou phages). Ces virus « mangeurs » de bactéries sont pourtant connus depuis un siècle. « Depuis quelques années, les phages connaissent un regain d’intérêt, explique Laurent Debarbieux, qui dirige l’équipe de recherche Interactions bactériophages-bactéries chez l’animal, à l’Institut Pasteur (Paris). Sans doute parce que nous sommes au pied du mur : il y a de plus en plus de bactéries résistantes aux antibiotiques, et aucune nouvelle classe d’antibiotiques n’a été découverte depuis près de 30 ans. Il faut donc explorer d’autres pistes. »

Non autorisés mais très efficaces

En médecine, les phages illustrent parfaitement l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». En effet, ces virus naturellement présents dans notre environnement et notre organisme s’attaquent spécifiquement aux bactéries. « J’ai découvert les phages dans les années 1990 grâce au Dr Dublanchet », raconte le Pr Olivier Platey, chef du service infectiologie de l’hôpital de Villeneuve St Georges (Val de Marne). Véritables pionniers de la phagothérapie moderne, ces deux médecins vont pendant plusieurs années utiliser des phages venant de Géorgie et de Russie pour traiter par injection intraveineuse des patients atteints de sévères infections ostéoarticulaires nosocomiales. Pour certains, cela permettra même d’éviter l’amputation ! Mais tout ceci reste confidentiel : « les phages ne sont pas des médicaments mais des virus, à la frontière du vivant. Du coup, il n’existe pour l’instant aucune réglementation permettant leur usage », explique le Pr Patey qui a cessé de les utiliser pour cette raison.

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