Cancers de l’enfant : des tumeurs à part

Dossier paru dans le « Journal de l’Institut Curie » n°140 janvier 2025 /

La prise en charge des cancers de l’enfant a fait des progrès considérables ces 40 dernières années : aujourd’hui on parvient à guérir quatre enfants sur cinq. Mais ces tumeurs qui se distinguent des cancers de l’adulte à plus d’un titre représentent des défis particuliers pour les médecins comme pour les chercheurs.

Lorsqu’un cancer est diagnostiqué chez un enfant, c’est toute une famille qui est touchée par la maladie. Heureusement de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années. « Il y a d’une part l’amélioration du diagnostic, qui est plus précoce et plus précis car il permet une identification des caractéristiques biomoléculaires des tumeurs. Et d’autre part une plus grande efficacité des thérapies anticancer », explique le Pr Nicolas André, oncologue au service d’Oncologie/Hématologie de l’Hôpital de la Timone Enfants (AP-HM, Marseille) et responsable du Centre labellisé de phase précoce (CLIP2) pédiatrique des hôpitaux universitaires de Marseille. « La recherche médicale fait partie intégrante des traitements et constitue la clé de voûte des progrès constatés », déclare l’Institut national du cancer (INCa). De fait, les médecins attachent beaucoup d’importance à l’accès aux thérapies innovantes pour ces jeunes patients, ainsi qu’à leur garantir un avenir avec le moins de séquelles possibles. Pour améliorer encore la prise en charge mais aussi accroître les connaissances, la stratégie décennale de lutte contre les cancers lancée en 2021 par le président de la République met un accent particulier sur la cancérologie pédiatrique tant dans le domaine de la recherche que des soins et de l’accompagnement des familles.

Des cancers rares et particuliers

D’après l’INCa, chaque année, environ 2 300 nouveaux cas de cancers pédiatriques sont diagnostiqués dont 440 chez des adolescents de 15 à 17 ans. « Il n’y a pas d’épidémie de cancers pédiatriques en France, rassure ainsi la Dr Natalie Hoog-Labouret, responsable de la mission recherche en pédiatrie au pôle Recherche et innovation de l’INCa. La très légère augmentation du nombre de tumeurs cérébrales est vraisemblablement liée à un meilleur diagnostic et des modifications de classification, ainsi qu’une meilleure exhaustivité du registre national des cancers de l’enfant. » Bien que très rares, ces cancers représentent tout de même la 2e cause de mortalité des 1-14 ans après les accidents domestiques. Mais l’évolution de cette mortalité est plus qu’encourageante : il y a 40 ans, seulement 20 % des enfants étaient encore en vie 5 ans après le diagnostic d’une tumeur. Maintenant ils sont plus de 80 % à survivre au-delà des 5 ans, et même quasiment 100 % pour certaines tumeurs comme le rétinoblastome (tumeur maligne de la rétine) ! « Ces progrès majeurs ont été rendus possibles par une meilleure utilisation des thérapies disponibles, la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, et le développement de nouveaux médicaments comme les thérapies ciblées, par une plus grande structuration des soins avec l’ouverture de services d’oncopédiatrie mais aussi de services dédiés aux adolescentes et jeunes adultes, ainsi qu’une prise en compte du devenir des enfants à long terme », résume le Pr Nicolas André.

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