Du pur-sang dans les veines

Cheval Magazine n°427 rubrique Races – juin 2007

Race noble par excellence, le pur-sang est régulièrement utilisé en croisement avec d’autres races. S’il est à l’origine du Selle Français, aujourd’hui le débat divise les éleveurs : le pur-sang est-il toujours un améliorateur de race ?

Galan de Sauvagère, Cigale du Taillis, First de Launay, Galet d’Auzay… On pourrait poursuivre longuement cette liste de champions. Leur point commun ? Ils appartiennent tous à la race selle français, et sont ainsi les héritiers d’une longue histoire de l’élevage français. Une histoire qui n’aurait pu exister sans l’apport du pur-sang.

À l’origine était le demi-sang

Dès la fin du XIXe siècle, les éleveurs français font appel à des purs-sangs anglais pour saillir leurs juments utilisées pour les attelages de ville. « Publié en 1903, “Le modèle et les allures” est un ouvrage fondateur. Maurice de Gasté y expose méticuleusement toutes les raisons d’utiliser le pur-sang plutôt que des trotteurs pour améliorer nos races de chevaux de selle », raconte Christian Depuille, directeur de la stratégie aux Haras Nationaux. En amenant ainsi du sang, les éleveurs espéraient apporter un peu de légèreté et de classe à leurs chevaux. Grâce à l’impulsion de quelques excellents cavaliers militaires et à des demi-sangs de qualité, l’équitation sportive se développe au début du XXe siècle. Mais ce n’est qu’en 1958 que les Haras Nationaux créent la race selle français (SF). Cinq ans plus tard, le stud-book est ouvert.

Grâce à ce stud-book, on peut facilement retrouver les purs-sangs qui sont à l’origine de la race SF, et même quantifier leurs contributions respectives. On sait aujourd’hui que le selle français compte encore 50 % de patrimoine génétique issu du pur-sang. « Si l’on regarde l’ensemble des poulains selle français nés entre 2000 et 2002, on peut facilement identifier six étalons qui à eux seuls sont à l’origine de plus de 20 % des gènes pur-sang, explique Anne Ricard, chercheuse en génétique pour les Haras Nationaux et l’Institut National de la Recherche Agronomique. Il s’agit d’Orange Peel, Ultimate, Furioso, Rantzau, Fra Diavolo et Night and Day ». Autant de grands noms qui ont marqué l’élevage français. « Ces étalons et ensuite leurs fils ont tellement été utilisés dans la race qu’ils constituent des goulets d’étranglement génétique et ainsi ont augmenté le taux de consanguinité », poursuit la chercheuse.

La fin d’un mythe ?

Au départ, il s’agissait d’apporter du sang pour amener de l’influx et de la qualité athlétique à nos chevaux de selle. Le pur-sang a donc sans aucun doute jouer un rôle d’améliorateur. « Puis on est arrivé à un stade où la jumenterie a été de suffisamment bonne qualité pour que le recours au pur-sang ne soit plus nécessaire, voire néfaste, estime Christian Depuille. Il n’existe aujourd’hui plus aucun purs-sangs dont les aptitudes peuvent être intéressantes en matière de saut d’obstacles. » Un avis que partage la généticienne Anne Ricard : « le pur-sang est un animal qui a été sélectionné pour la course sur le plat, c’est logique qu’il n’ait pas les caractéristiques qui intéressent les éleveurs en matière de CSO ou de complet. » Ainsi dans les poulains nés ces dernières années, moins de 2 % ont un parent pur-sang. On reproche aujourd’hui au pur-sang de produire des chevaux trop légers, qui manquent de coup de saut et dont le tempérament très pointu demande beaucoup de finesse… Depuis l’assouplissement des règles de certains stud-books, les éleveurs préfèrent se tourner vers des étalons de sport de race étrangère…/…

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