septembre 2007, OncoMagazine – Éditions Springer
Entretien avec le Dr Brigitte Seradour
« Dans les années à venir, il faudra suivre l’évolution de l’incidence des cancers du sein avec beaucoup d’attention. »
On parle pour la toute première fois d’une baisse de l’incidence du cancer du sein outre-atlantique. Qu’en est-il ?
On a commencé à observer cette baisse dès mi-2002. C’est un événement très important puisque depuis une trentaine d’années, on observe plutôt une augmentation linéaire et ce partout dans tous les pays occidentaux. Aux Etats-Unis, il est facile d’avoir une vision précise et relativement récente du nombre de cancer grâce aux chiffres collectés dans les 9 registres tenus par le SEER (Surveillance, Epidemiology and End Results du National Cancer Institute). Entre 2001 et 2004, le taux de cancer du sein ajusté sur l’âge a ainsi diminué de près de 8 %. Cette tendance s’est poursuivie l’année suivante. En France, nous ne disposons malheureusement pas de chiffres aussi récents. Nous devons nous contenter des statistiques des registres datant de 2000.
Quelles sont les caractéristiques de cette baisse d’incidence ?
Les données des registres sont suffisamment précises pour que l’on constate que cela concerne quasi exclusivement les femmes de plus de 50 ans et les cancers ayant des récepteurs positifs aux oestrogènes. Ainsi pour ces seuls cancers, la baisse est de l’ordre de 12 %. Pour expliquer ce phénomène, les chercheurs américains ont d’abord fait deux constats : premièrement, les pratiques en matière de dépistage n’ont quasiment pas changé (80 % de taux de participation de la population cible en dehors de tout programme généralisé de dépistage). Le taux de fréquentation des mammographes a très légèrement diminué (3%) mais cela ne peut pas modifier les résultats. Deuxièmement, il n’y a pas eu de changement majeur dans les méthodes de recueil des données des registres. La piste la plus vraisemblable est donc celle du traitement hormonal substitutif de la ménopause.