Santé Magazine n°474 – juin 2015 /
Se faire opérer d’une hernie discale lombaire en ambulatoire est désormais possible depuis mars 2014. Existe-t’il des restrictions particulières ou cette chirurgie est-elle envisageable pour tout le monde ? Et finalement, qu’a t’on vraiment à y gagner ?
– Dr Véronique Molina, chirurgien orthopédique, responsable de l’unité de chirurgie ambulatoire de l’hôpital Bicêtre (Val-de-Marne).
– Pr Jean Charles Le Huec, responsable de l’unité orthopédie-traumatologie-rachis du CHU de Bordeaux, coordinateur de la section ambulatoire de la Société Française du Rachis (SFCR).
Chaque année en France, environ 30 000 opérations chirurgicales pour des hernies discales lombaires sont réalisées*. Longtemps réputée comme lourde, cette intervention a beaucoup évolué ces dernières années. Et depuis mars 2014, et la publication d’un décret de la Haute Autorité de Santé, il est même possible de se faire opérer en ambulatoire. Mais en dehors de réduire le temps de présence à l’hôpital, quelles sont les différences pour le patient ?
Une évolution “naturelle” de la chirurgie
Être admis à l’hôpital, se faire opérer, puis rentrer chez soi le jour même : c’est la définition même de l’ambulatoire, quelle que soit l’intervention. Pour une hernie discale lombaire simple « que le patient soit hospitalisé, ou pris en charge en ambulatoire, ce qui se passe au bloc opératoire et les gestes effectués par le chirurgien sont exactement les mêmes », explique le Pr Jean-Charles Le Huec, responsable de l’unité orthopédie-traumatologie-rachis du CHU de Bordeaux. Depuis plusieurs années, comme cela s’est passé aussi dans d’autres disciplines chirurgicales, des procédures plus légères ont en effet été mises au point : « la taille de l’incision et l’agressivité des gestes pour arriver jusqu’à la hernie ont été réduites, on traumatise moins les ligaments et les muscles avoisinants. Grâce à cette chirurgie mini-invasive, la cicatrisation est plus facile, et les douleurs post-opératoires moins importantes », précise le chirurgien. Cette évolution chirurgicale et les progrès en matière d’anesthésie ont permis de réduire progressivement les durées d’hospitalisation et de récupération pour les patients. « Aujourd’hui, pour une hernie discale lombaire sans gravité particulière, le patient reste à l’hôpital trois jours en moyenne, et peut se lever dès le lendemain de l’intervention. En ambulatoire, il se lève et rentre chez lui le jour même. »
Lors d’une hospitalisation classique ou en ambulatoire, le patient est informé de la même façon par un kinésithérapeute sur les précautions post-opératoires : la meilleure façon pour passer de la position allongée à assise, les gestes à éviter, les exercices conseillés… Ni alitement ni rééducation particulière ne sont prescrits. « Ce qui change réellement est commun à n’importe quelle opération effectuée en ambulatoire : il s’agit de bien organiser le parcours du patient avant et après l’intervention et de s’assurer qu’il a bien compris toutes nos informations, précise le Dr Véronique Molina, chirurgien-orthopédiste, chef du service de chirurgie ambulatoire de l’hôpital Bicêtre (Val-de-Marne).
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