Fondation Hippolia – newsletter #3 – octobre 2014 /
Il existe un certain nombre de maladies virales chez le cheval pour lesquelles on ne dispose pas de vaccins efficaces. Pour lutter contre ces pathologies, les vétérinaires sont parfois contraints d’utiliser des antiviraux développés pour l’homme. Pour apporter de nouvelles réponses thérapeutiques adaptées au cheval, différentes équipes de la Fondation Hippolia viennent de lancer le projet ANVIE.
Artérite virale, anémie infectieuse, peste équine, encéphalomyélite à herpès virus… Toutes ces maladies présentes chez les équidés ont un point commun : il n’existe aucun traitement spécifique. Pour certaines, un vaccin est disponible pour prévenir l’apparition de la maladie chez les chevaux, mais son efficacité est variable, et la vaccination n’est pas toujours obligatoire. C’est le cas par exemple de l’artérite virale. Pour d’autres, comme les herpès virus, les vétérinaires sont contraints pour traiter les animaux atteints, d’utiliser des molécules antivirales développées au départ pour une utilisation chez l’homme. Ce qui est loin d’être optimal.
D’où la nécessité de mener des recherches pour identifier et valider de nouveaux antiviraux spécifiques aux virus équins. C’est l’objectif du projet ANVIE (pour ANti VIraux Équins) conduit par plusieurs équipes de la Fondation Hippolia. « Le monde de la virologie est un petit monde, confie le Dr Stéphane Pronost1, virologiste au LABÉO Frank Duncombe, un laboratoire membre de la Fondation Hippolia. Cela fait longtemps que l’équipe de Stephan Zientara2 à Alfort, elle aussi membre de la Fondation Hippolia, travaille avec le groupe de Pierre-Olivier Vidalain à l’Institut Pasteur sur la question des maladies infectieuses émergentes. C’est comme ça que nous avons appris que l’Institut Pasteur avait récemment découvert de nouvelles molécules au potentiel antiviral, en collaborant avec le Centre d’Étude et de Recherche sur le Médicament de Normandie (CERMN)de l’Université de Caen. Le CERMN dispose en effet d’une des plus grandes chimiothèques* académiques de France. »
En 2013, la Fondation Hippolia a donc pris l’initiative de rassembler autour d’un projet commun le CERMN, l’Unité de Génomique Virale et Vaccination de l’Institut Pasteur et 3 équipes de la Fondation spécialisées en virologie équine : l’unité de recherche risques microbiens (U2RM) de l’Université de Caen, à laquelle appartiennent les chercheurs de LABÉO Frank Duncombe, étudie plus particulièrement les herpès virus, la grippe équine et les coronavirus équins, l’unité mixte de recherche en virologie d’Alfort dirigée par Stephan Zientara travaille sur les virus émergents comme le West Nile virus et le virus de la peste équine, et l’unité virologie du laboratoire de pathologie équine de Dozulé dont les travaux portent principalement sur les virus de l’artérite virale et de l’anémie infectieuse.
« Chaque équipe a des compétences particulières. Nous travaillons à partir de molécules fournies par le CERMN que nous testons sur des modèles de cultures cellulaires des virus afin d’identifier celles qui ont un potentiel antiviral. Ensuite elles seront validées sur des modèles « petits animaux » (rongeurs notamment) avant de pouvoir envisager un traitement sur le cheval. L’Institut Pasteur nous apporte ses compétences quant à la méthodologie à adopter pour arriver à une preuve de concept », explique le Dr Stéphane Pronost. La première phase du projet ANVIE a permis cette année de démontrer la faisabilité de cette collaboration. Pour passer à la vitesse supérieure, la Fondation Hippolia espère désormais obtenir un financement du fonds Éperon** et de l’Agence Nationale de la Recherche.
Émilie Gillet
* Une chimiothèque est une vaste collection de molécules chimiques dans laquelle les chercheurs piochent pour découvrir par exemple de nouveaux médicaments.
** Le fonds d’Encouragement aux Projets Equestres Régionaux Ou Nationaux (EPERON) est constitué d’une part du prélèvement sur les enjeux sur les courses hippiques, institué au profit de la Fédération Nationale des Courses Françaises (FNCF).