Dossier paru dans Recherche & Santé n°161 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – hiver 2020 /
En moins d’une dizaine d’années, l’immunothérapie a révolutionné la prise en charge de certains cancers réputés incurables. Ces nouveaux médicaments ne détruisent pas eux-mêmes les cellules cancéreuses, mais aident le système immunitaire à faire le travail lui-même, de façon efficace et durable. Les essais cliniques se multiplient pour tenter d’appliquer cette nouvelle arme anticancer au plus grand nombre de patients.
EXTRAITS
Un traitement par immunothérapie se fait obligatoirement à l’hôpital.
FAUX Les immunothérapies actuellement disponibles pour les malades sont toutes administrées par perfusion intraveineuse, à raison d’une injection toutes les deux ou trois semaines. Mais comme ces perfusions sont en général de plus courte durée qu’une chimiothérapie par exemple, et qu’elles présentent aussi moins de risques d’effets secondaires majeurs, certains hôpitaux proposent une organisation des soins différente avec des perfusions d’immunothérapie à domicile. C’est un véritable gain en terme de qualité de vie pour les malades. Par ailleurs, des recherches sont en cours pour évaluer d’autres modes d’administration, type injection sous-cutanée ou même par voie orale, afin de faciliter encore plus le traitement.
L’immunothérapie est développée contre d’autres maladies que le cancer.
VRAI Dans le cadre de la lutte anticancer, les immunothérapies sont dites stimulantes. Mais d’autres approches peuvent être utilisées contres les maladies auto-immunes par exemple. Puisqu’il s’agit dans ce cas-là de réprimer une réaction immunitaire exagérée ou inadaptée de l’organisme contre lui-même, on parle d’immunothérapies suppressives. Il s’agit par exemple d’anticorps qui inhibent des acteurs majeurs de l’inflammation, et qui sont utilisés dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ou de la maladie de Crohn. Il existe aussi des inhibiteurs spécifiques des lymphocytes B, utiles dans le traitement de certains lupus ou myosites inflammatoires. De nombreuses autres immunothérapies sont en cours de développement.
L’immunothérapie est un traitement qui s’utile seul.
FAUX Malgré les espoirs qu’elles nourrissent, les immunothérapies actuelles ne sont pas efficaces chez tous les patients lorsqu’elles sont utilisées seules. C’est pourquoi dès maintenant des essais sont en cours, évaluant l’intérêt d’utiliser plusieurs immunothérapies ensemble, mais aussi et surtout en combinaison avec des traitements anticancers conventionnels tels que les chimiothérapies, les radiothérapies et même les thérapies ciblées. Il faut trouver les meilleures stratégies d’association, les doses optimales et les séquences de traitements les plus efficaces. L’objectif des recherches est aussi de mettre à jour des biomarqueurs afin de mesurer les réponses thérapeutiques et d’adapter au mieux les stratégies de traitement.
Il y a des risques de développer des maladies auto-immunes.
VRAI Comme elle vise à stimuler certaines réponses immunitaires, l’immunothérapie peut parfois réactiver le système immunitaire contre des cellules normales de l’organisme et conduire à des réactions de type auto-immunité ou pathologie inflammatoire. La majorité de ces effets indésirables sont heureusement réversibles s’ils sont rapidement détectés et correctement traités.
L’immunothérapie permet de guérir des cancers réputés incurables.
VRAI D’après le Pr Christophe Letourneau, responsable du département Innovation et essais cliniques précoces à l’Institut Curie : « Jusque-là, sur des patients réputés incurables, il fallait un traitement à vie et on arrivait dans certains cas à prolonger la vie de plusieurs années. Ce qui est extraordinaire avec l’immunothérapie, c’est qu’on a de plus en plus de patients chez qui l’immunothérapie devait durer un temps maximum, un an ou deux ans, et qui sont en fait en rémission, avec une réponse complète à l’immunothérapie. On arrête le traitement et le cancer ne se redéveloppe pas. Alors qu’avec la chimiothérapie et les thérapies ciblées, quand on arrête les traitements, la plupart du temps, le cancer revient. »