La guerre des clones n’aura pas lieu

Dossier paru dans « Cheval Magazine » n°624 janvier 2024 /

20 ans après la naissance du tout premier clone de cheval, cette méthode de reproduction un peu particulière n’a finalement pas révolutionné le monde équestre, comme le prédisaient certains experts. Pourquoi un tel échec ?

C’est en 2003 que sont nés les premiers clones d’équidés : il y a d’abord eu le mulet Idaho Gem puis Prometea, clone d’une jument haflinger. Ces deux poulains ont bien sûr attiré l’attention des médias, mais ils ont aussi fait naître beaucoup d’espoir et aussi pas mal de questions dans le monde équestre. Certains ont même cru assister à une véritable révolution dans le monde de l’élevage. La promesse était belle en effet : faire naître des copies de champions et championnes, morts, castrés ou trop occupées par la compétition, pour (ré)utiliser leur génétique prometteuse. Plusieurs clones d’athlètes sont ainsi nés : Pieraz-Cryozootech-Stallion, copie du hongre champion d’endurance Pieraz puis Paris-Texas, clone de l’étalon Quidam de Revel, suivis quelques années plus tard par ET-Cryozootech, clone d’un champion de CSO, plusieurs copies de Smart Little Lena, une quarter horse mère de nombreux champions de cutting, et une de Poetin qui fût championne du monde de dressage. On aurait pu croire que la liste allait s’allonger indéfiniment. Mais 20 ans plus tard, moins de 500 chevaux clonés ont vu le jour : le clonage est finalement resté du domaine de l’anecdotique, avec une technique mal maîtrisée, des coûts importants et toujours de nombreuses questions éthiques.

Recette et copie imparfaites

Aujourd’hui encore, le clonage relève plus de l’artisanat que du processus industriel. Trois ingrédients sont nécessaires : des cellules du cheval original, en général des cellules de peau « fraîches » ou congelées ; une très grande quantité d’ovocytes, c’est-à-dire des cellules reproductrices femelles (issus d’ovaires de juments récupérés à l’abattoir) ; et des mères porteuses. Il s’agit d’abord d’enlever le noyau des ovocytes, puis d’y introduire celui de la cellule du cheval original. Ou bien de faire fusionner les deux cellules grâce à un choc électrique. Entre 500 et 800 tentatives sont nécessaires pour obtenir une dizaine d’embryons viables. Ceux-ci sont ensuite placés dans un milieu nutritif où ils vont commencer leur développement, avec là aussi beaucoup d’échecs. Reste à placer les embryons dans l’utérus de juments au moment propice. Mais bon nombre de gestations n’arrivent pas à leur terme. Combien ? On ne le sait pas précisément car les scientifiques restent très discrets. Mais on estime que le processus complet ne dépasserait pas 0,03 à 0,43 % de taux de réussite. Autrement dit, à partir de 1 000 ovocytes collectés, on parvient à créer environ 15 embryons puis entamer 2 à 3 gestations pour obtenir finalement un à deux poulains encore vivants un mois après la naissance.

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