Cheval Magazine n°441 Dossier – août 2008
L’appellation Selle Français fête cette année ses 50 ans. Issue du travail des éleveurs français, où se mélange raison et passion, elle est devenue au niveau international l’une des meilleures races de chevaux de sport. Mais parviendra-t’elle à résister face à la forte concurrence des races allemandes et hollandaises ? Comment va t’elle absorber les récents bouleversements qu’elle a connu en matière de sélection et d’élevage ?
1ère partie : État des lieux
Des origines multiples, un élevage en pleine mutation, une concurrence de plus en plus rude … Qui est le selle français de 2008 ?
« Un athlète au cœur tendre », c’est la définition qui revient le plus lorsqu’on parle du selle français, la race équine la plus présente sur notre territoire. C’est aussi la plus représentée aujourd’hui dans les clubs équestres. La plupart des cavaliers ont donc débuté sur le dos de selle français. Et c’est tout naturellement que la plupart d’entre eux se tournent vers cette race quand ils passent le cap de l’achat du premier cheval.
Identité multiple
Qui est le selle français aujourd’hui ? Difficile à définir à cause de la très grande variété des races qui ont conduit à son élaboration. On peut cependant parler de la prépondérance du sang normand, qui a permis d’homogénéiser la race. C’est au début du XXe siècle qu’a d’abord été créée l’appellation demi-sang. Il s’agissait à l’époque de croiser des étalons pur-sang avec des juments autochtones. Trois berceaux de la race ont alors émergé : le demi-sang normand, le demi-sang vendéen et le demi-sang du centre. Ces trois régions d’élevage se sont par la suite rapprochées pour créer en 1958 l’appellation selle français, célébrant ainsi le tournant du travail de sélection des éleveurs vers un cheval de sport. L’identité de ce cheval repose avant tout sur le droit du sang, puisque depuis 1992, il faut obligatoirement que l’un des deux reproducteurs soit selle français pour que le produit puisse être inscrit au stud-book du selle français. C’est ainsi qu’il y a vingt ans, la génétique de la race ne comptait que du sang français dont 52 % de pur-sang et 26 % de selle français. En 2006, ces proportions sont passées à 47 % et 32 % auxquels s’ajoutent 10 % de sang étranger.
Évolution des effectifs
En 2006, d’après les Haras Nationaux, il y a eu 7264 naissances de selle français, contre 10 663 dix ans plus tôt. Cependant, cette diminution importante est en partie due à l’évolution des règlements de stud-book et principalement la création en 2006 d’un registre distinct pour les AQPS. Au total, 517 étalons selle français ont réalisé des saillis. Leur région de prédilection est sans conteste la Basse-Normandie, puisqu’on y trouve près d’un tiers des étalons actifs. En dix ans, le nombre de reproducteurs mâles a diminué de 21 %, essentiellement à cause d’une diminution importante du nombre d’étalons détenus par les Haras Nationaux (280 en 1986 contre 118 en 2006).
Seulement 72 % des étalons qui produisent dans cette race sont des selle français et près d’un quart sont des facteurs de selle français, principalement des étalons de races de sport étrangères, quelques anglo-arabes et seulement un centième de pur sang. L’ensemble de ces étalons fécondent en moyenne une vingtaine de juments, mais cela cache une grande disparité : un étalon public féconde pas moins de 40 juments alors qu’un étalon privé saillie en général moins d’une quinzaine de juments…/…