L’entier, un cheval à part

Cheval Magazine n°481 rubrique Comportement – décembre 2011

Dans le monde animal, mâle et femelle n’expriment pas le même panel de comportements. Pour le cheval, cela peut avoir des conséquences sur la façon dont on envisage de vivre avec. Mieux vaut donc connaître l’origine de ces différences.

« On ne nait pas étalon, on le devient » serait-on tenté de dire ! Car d’un point de vue biologique comme éthologique, les différences de comportements qui peuvent être observées entre les entiers et les autres chevaux ne s’installent qu’avec le temps et sous l’influence de nombreux facteurs. Pour nous, cavaliers, cela implique que ces chevaux-là ne sont pas comme les autres. Certains considèrent les étalons comme plus difficiles à gérer, dangereux, à ne pas mettre entre toutes les mains, d’autres préfèrent voir en eux des chevaux plus compétitifs, avec un tempérament moins éteint, plus intéressants à travailler. À vous de vous faire votre opinion !

Des facteurs internes…

En matière de comportement, il est démontré que certaines caractéristiques mâles (comportement sexuel, agressivité mais aussi masse musculaire) sont intiment liées aux hormones masculines dont la principale est la testostérone (voir encadré).

Plusieurs études scientifiques ont ainsi montré que lorsqu’on injecte des androgènes (hormones mâles) à des hongres, ou même à des juments, ces chevaux tendent à se comporter comme des étalons. On les observe alors dans des postures caractéristiques des entiers, que ce soit au niveau des prémices d’une saillie (approche, flairage…) lors de la monte (chevauchements, morsures au garrot…) et même une contraction des muscles fessiers, comme c’est le cas chez l’étalon au moment de l’éjaculation ! Cette “ masculinisation ” de juments ou de mâles castrés engendre aussi des comportements sociaux typiques de l’étalon, telles que le flehmen, le guidage par l’arrière (ou herding, lorsque l’étalon se présente encolure et tête basses, oreilles couchées en arrière pour rassembler son harem) et même des simulacres de combats opposants deux juments traitées par androgènes. Par ailleurs, toutes les juments ainsi traitées voient leur statut hiérarchique augmenter, sans que cela soit clairement lié à une agressivité accrue.

Cependant ces études ont aussi montré l’influence de l’apprentissage social. En effet, bon nombre de ces comportements typiquement mâles perdurent chez ces chevaux plusieurs mois après que le traitement a été stoppé. Les hormones jouent donc un rôle important dans l’existence de certains comportements, mais l’environnement, et essentiellement le contexte social et l’apprentissage permettent à ceux-ci de perdurer…/…

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