Article paru dans « Femme actuelle » n°2068 janvier 2024 /
Après l’ère du « tout génétique », la découverte des mécanismes dits épigénétiques pourrait bien révolutionner la prise en charge de certaines pathologies. Découverte d’une discipline émergente.
En 2001, le premier séquençage du génome humain a constitué une véritable prouesse scientifique. Depuis, grâce aux progrès technologiques qui ont permis aux chercheurs de travailler plus vite et pour moins cher, s’est développé l’ère du « tout génétique ». Tout ? Non ! Depuis quelques années émerge en effet une nouvelle discipline de recherche, l’épigénétique, qui a déjà permis la mise au point de médicaments, notamment dans le domaine de la cancérologie.
Sur quel principe fonctionne les épimédicaments ?
Toutes nos cellules contiennent globalement les mêmes gènes. Mais chacune les utilise à sa façon, selon qu’elle est une cellule de peau ou un neurone par exemple. Et ce grâce à l’épigénétique : il s’agit de marques chimiques qui s’ajoutent à différents endroits du génome et qui influent sur la manière dont les gènes sont exprimés. Ainsi on peut comparer le génome aux notes de musique qui définissent la mélodie, et l’épigénétique aux indications ajoutées sur la partition pour en faire varier l’intensité. « Ce qui est très intéressant avec l’épigénétique c’est qu’il s’agit de modifications réversibles, dérégulées dans de nombreuses maladies. On peut donc chercher à intervenir dessus, avec des épimédicaments, pour moduler l’expression d’un gène, l’éteindre ou l’allumer en quelque sorte. Et ça sans modifier le code génétique lui-même », résume Emmanuelle Bignon, chercheuse en biochimie théorique à l’Université de Lorraine.
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