Article paru dans Les Grands Dossiers de Sciences Humaines, hors-série n°53 décembre 2018 /
Chiropraxie, aromathérapie, médecine traditionnelle chinoise… De plus en plus de Français se tournent vers les thérapies non conventionnelles pour se soigner. Comment les définir ? Quelles places occupent-elles aujourd’hui en France ?
En mars dernier, 124 professionnels de santé ont signé une tribune dans un grand quotidien français pour alerter « sur les promesses fantaisistes et l’efficacité non prouvée des médecines dites alternatives » . Leur objectif : dénoncer l’utilisation de pratiques sans fondement scientifique par certains de leurs confrères qu’ils n’ont pas hésité à traiter de « charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire ». Des mots très forts qui ont ravivé le débat sur la place des médecines non conventionnelles dans notre paysage thérapeutique.
Plus de 400 disciplines
Alternative, traditionnelle, complémentaire, douce, parallèle, naturelle… Les qualificatifs pour désigner ces pratiques sont très variés. Chacun à sa façon est révélateur de la position particulière que l’on souhaite leur donner par rapport à la médecine occidentale moderne . Celle-ci se définit par ses fondements sur la validation scientifique, notamment à travers les essais cliniques, et/ou sur un consensus professionnel fort. Ses détracteurs la qualifient de médecine allopathique, un mot inventé par le médecin Samuel Hahnemann par opposition à l’homéopathie dont il est le père (lire p. XX) !
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il existe plus de 400 médecines non conventionnelles. Certaines s’appuient sur l’utilisation de produits naturels (phytothérapie, aromathérapie, lithothérapie…), d’autres sur la manipulation du corps (chiropraxie, ostéopathie…), sur les liens entre le corps et l’esprit (hypnothérapie, méditation, sophrologie…) ou sur des théories complexes (acupuncture, homéopatie, reiki…) Elles ont pour caractéristiques communes de ne pas avoir apporté, pour la plupart, la preuve scientifique de leur efficacité, de pouvoir être exercées par des praticiens ne disposant pas d’un diplôme national de médecine ou de profession de santé reconnue (dentiste, sage-femme, infirmier…) et de ne faire l’objet d’aucun suivi organisé d’éventuels effets secondaires.
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