Science & Vie Junior hors-série / février 2016
Lire dans les corps : l’autopsie
À mi-chemin entre Sherlock Holmes et Dr House, le médecin légiste a pour mission de rechercher les causes d’un décès. Son terrain d’enquête : le corps humain.
CONSTATER
Un cadavre vient d’être découvert. Qui est-il ? Comment est-il mort ? Les questions pleuvent ! Pour y répondre, policiers ou gendarmes ont parfois besoin d’un médecin légiste. Ce spécialiste de la médecine travaille au service de la justice, il intervient dès que la mort d’un individu est d’origine suspecte.
Avant toute chose, le médecin légiste constate que la mort est bien effective. C’est lui, et lui seul qui dans les cas d’une mort suspecte peut dresser le certificat de décès. Puis il doit répondre à plusieurs questions : à quand remonte le décès ? Il examine pour cela plusieurs phénomènes (voir ci-contre). Le corps a t’il été déplacé ? Quelles sont la ou les causes du décès ? Sur place, il examine méticuleusement tous les indices visibles : traces de blessure par armes à feu ou arme blanche par exemple, traces de contention, plaies dues à des coups… Tout ce qui pourrait disparaître avec le déplacement du corps par la suite est méticuleusement photographié et noté : ce sont autant d’indices qui seront utiles pour la suite de l’enquête.
Si la mort naturelle n’est pas évidente, alors une autopsie est nécessaire. Elle se déroule le plus souvent dans un institut de médecine légale. C’est le cas lors d’une suspicion de meurtre, d’une mort subite inexpliquée, d’un suicide ou bien si l’identité de la victime n’est pas connue (par exemple lors d’une catastrophe naturelle ou d’un important accident de transports ayant fait plusieurs morts, ou si le cadavre est dans un état de décomposition avancée).
→Opacification
La cornée est la couche extérieure de l’œil, normalement transparente. Chez un cadavre, à cause de la déshydratation, elle devient peu à peu trouble, d’aspect grisâtre : c’est l’opacification de la cornée qui permet au médecin légiste d’avoir un premier indice quant au délai de la mort. Lorsque les yeux sont restés ouverts, ce phénomène apparaît au bout de 45 minutes environ, alors que ça peut prendre plus de 24 heures si les yeux sont fermés.
→Température
Le corps d’un cadavre perd en moyenne 1°C par heure et atteint la température de l’environnement où il se trouve en 24h environ. Pour évaluer l’heure du décès, le médecin légiste mesure la température au niveau du rectum, ou parfois du foie, grâce à une sonde. Il doit aussi prendre en compte la température ambiante et des situations particulières comme la corpulence et les vêtements de la victime, une possible hypothermie due à une noyade par exemple… Grâce à ces informations, et à l’aide de différents diagrammes, il estime l’heure du décès.
→Lividité
Après la mort, le sang se met à fuir à travers la paroi des vaisseaux sanguins. À cause de la pesanteur, il s’accumule vers les points le plus bas du corps qui ne sont pas compressés pour former des tâches rouge violacée : ce sont les lividités cadavériques. Elles apparaissent quelques heures après le décès, mais peuvent disparaître ou changer d’emplacements si le corps est déplacé. Ce n’est qu’au bout de 8 à 12 heures environ qu’elles deviennent fixes et définitives. Certaines colorations particulières de la peau, rouge cerise par exemple, évoquent une intoxication au monoxyde de carbone ou un empoisonnement au cyanure.
→Rigidité
Certaines réactions chimiques n’ayant plus lieu dans les muscles, ils perdent de leur élasticité. Ceux des paupières et de la mâchoire sont les premiers à se figer, en 1 à 3 heures, puis le tronc et les membres, pour atteindre un maximum environ 12 heures après le décès. Après 2 à 3 jours, cette rigidité va s’estomper. Comme ce phénomène n’est pas mesurable et varie beaucoup (en fonction de la température extérieure, de la masse musculaire…), c’est un indice peu précis.
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