Mustangs : crise politique ou écologique ?

Article paru dans Cheval Magazine n°584 septembre 2020 /

Aux États-Unis, les populations sauvages de mustangs sont aujourd’hui considérées comme une véritable menace écologique et économique par les autorités fédérales. Mais de plus en plus d’associations de protection de la nature et de scientifiques donnent de la voix pour dénoncer une gestion calamiteuse de cette crise. 

Imaginez des dizaines de milliers de chevaux sauvages galopant dans les vastes plaines du Grand Ouest américain, se nourrissant et se reproduisant à leur guise… Une vision onirique pour certains, un véritable cauchemar pour le Bureau of Land Management, l’instance gouvernementale en charge de la protection de la nature Outre-Atlantique. Ces troupeaux seraient en effet responsables d’une véritable crise écologique et économique. « Si nous ne contrôlons pas la situation, elle ne fera qu’empirer » a déclaré en mars dernier son directeur, Alan Shepherd, dans les colonnes d’un grand quotidien national. 

Ces mustangs sont en partie les descendants de chevaux ibériques débarqués sur le continent américain à partir du XVIe siècle, et progressivement retournés à la vie sauvage. On appelle cela du marronnage. Ils se sont multipliés jusqu’à ce que d’autres explorateurs les (re)découvrent. Sur les cartes de l’époque, la région des grandes plaines était ainsi appelée Wild Horse Desert (désert des chevaux sauvages). Avec le développement des grandes métropoles, ces troupeaux sont devenues des réservoirs pour animaux de trait, capturés et expédiés par centaines jusqu’à New York ou San Francisco pour y tracter des tramways. Ou bien abattus pour devenir de la nourriture pour chiens ou de l’engrais même. Jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que quelques milliers dans les années 1960 et que les autorités fédérales votent une loi en faveur de leur protection en 1971 : « le Congrès constate et déclare que les chevaux et les burros (les ânes, ndlr) sauvages en liberté sont des symboles vivants de l’esprit historique et pionnier de l’Ouest ; qu’ils contribuent à la diversité des formes de vie au sein de la Nation et enrichissent la vie du peuple américain ; et que ces chevaux et burros disparaissent rapidement de la scène américaine » peut-on notamment lire dans ce texte fondateur. C’est le Bureau of Land Management qui est alors chargé de leur protection. Mais il faut croire qu’il s’est laissé déborder. En la quasi absence de prédateurs naturels et de concurrents directs, l’accroissement des populations s’est emballé jusqu’à ce que les troupeaux submergent littéralement les espaces naturels qui leur étaient réservés.

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