Article paru dans « Profession sage-femme » n°240 – novembre 2017 /
Mise au point par une artiste et coach professionnelle, cette méthode de préparation à l’accouchement est à mi-chemin entre la thérapie comportementale et cognitive et l’entraînement d’un athlète de haut niveau ! Une étude clinique devrait bientôt permettre d’en évaluer l’intérêt.
« La naissance n’est pas traumatique. Ni pour la femme, ni pour l’enfant, car c’est un phénomène physiologique. Mais les conditions de la naissance peuvent faire traumatisme et laisser des traces mnésiques qui rendent difficile aux femmes de s’investir pleinement dans la maternité et l’instauration des liens avec le nouveau-né », lit-on dans l’ouvrage Pour une grossesse et une naissance heureuses. Naître enchantés*. C’est pour éviter ce traumatisme, pour préparer les femmes à vivre ce bouleversement physique et psychique que peut être un accouchement, que Magali Dieux a mis au point l’approche Naître enchantés et rédigé cet ouvrage.
Cette ancienne sportive, femme de théâtre et coach professionnelle a un parcours maïeutique singulier : en six ans, elle a accouché cinq fois. La première fois, à terme et coincée dans un embouteillage, elle a l’idée pour ne pas effrayer la fillette présente dans la voiture, d’accompagner chaque contraction de « vibrations sonores et d’intentions dirigées spécifiques ». Elle accouche sans aide extérieure et « dans la joie ». Après avoir perdu ce premier né d’une mort subite du nourrisson, puis mis au monde sa cadette après une IMG à 5 mois de grossesse, Magali Dieux va explorer et approfondir ses expériences à travers trois autres accouchements. En parallèle, elle devient professeur de chant, thérapeute et coach, et rencontre de nombreux scientifiques et soignants sensibilisés aux pouvoirs des sons sur l’être humain.
Des outils comportementaux et cognitifs
Naître enchantés est une méthode de préparation à l’accouchement qui s’inspire des thérapies comportementales et cognitives (TCC). Validées par la communauté scientifique, les TCC sont « des thérapies brèves qui visent à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées positives et des réactions en adéquation avec la réalité »**. En pratique, les futurs parents participent à des ateliers collectifs qui abordent différents thèmes : confiance en soi et en l’autre, expression de soi en maternité, dépassement de soi (durant l’accouchement), accomplissement de soi (après l’accouchement). À travers des exercices de mise en situation, et des échanges verbaux avec l’animatrice de l’atelier, les femmes enceintes expérimentent une trentaine d’« outils », c’est-à-dire des comportements qui leur permettent d’affronter sereinement différentes situations (gestion de la douleur, péridurale, transfert, césarienne…) « L’accouchement est un passage initiatique, pour la femme, pour l’homme comme pour le couple. Il s’agit d’appréhender au mieux à ce moment très important, en se projetant, en visualisant l’épreuve à venir et ce que cela demande comme compétences », résume Magali Dieux. À l’instar d’une athlète de haut niveau qui visualise mentalement une épreuve avant de se lancer sur la piste.
Vibrer et sourire
L’Expression Vocale Ajustée (EVA) repose également sur l’utilisation le jour J de vibrations sonores. « La femme s’entraîne à produire des sons spécifiques qui vont lui permettre de gérer la douleur et surtout d’être présente physiquement et psychiquement lors de son accouchement. Un subtil mélange, propre à chacune, de fréquences graves qui détendent et favorisent l’ouverture du col, et de fréquences aigus qui mobilisent l’énergie et la concentration », explique Magali Dieux. Des sons qui peuvent aussi être produits par le père pour accompagner, voire guider sa compagne. En s’inspirant des coachs sportifs, elle insiste sur deux autres notions qui tiennent une place centrale dans son approche : penser « oui » et sourire. « Maintenir un sourire peut gommer certaines violences psychologiques qui viennent de soi-même ou de l’extérieur au moment d’accoucher, c’est un formidable moyen d’effacer le doute, précise-t-elle. Bien sûr ce n’est pas obligatoire. Cependant cela influence profondément le psychisme. L’inverse est aussi vrai : penser « oui » permet d’ouvrir le corps, de faciliter le dépassement le soi. C’est comme sourire intérieurement ! » Autant de notions qui sont expérimentés par les couples lors des ateliers.
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