Santé Magazine avril 2016 n°484 /
La loi reconnait les animaux comme des êtres sensibles et encadre leur utilisation à des fins scientifiques. Mais alors que l’expérimentation animale est bannie dans le monde de la cosmétique depuis 2013, la recherche médicale est-elle prête à franchir ce cap ?
Les animaux sont « des êtres doués de sensibilité », voilà qui est gravé dans le Code Civil depuis le 28 janvier. Une avancée majeure en terme de protection animale ? Non : « le Code rural et le Code Pénal le reconnaissaient déjà, précise le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier. Cette nouvelle loi uniformise le droit et répond à une considération croissante du public pour la cause animale. Mais cela reste symbolique ! La loi ne précise pas ce que signifie ”sensible” et ne remet pas en cause la corrida, la chasse ou certaines pratiques culinaires. »
Montée en puissance des techniques substitutives
Quant à l’expérimentation scientifique, « elle est en avance sur d’autres domaines », estime G. Chapouthier. Une réglementation européenne encadre l’utilisation des animaux depuis 1986. Mais ils sont encore chaque année 2,2 millions, dont 60 % de souris, à passer entre les mains des chercheurs français. En parallèle, des alternatives de plus en plus sophistiquées sont apparues.
Il s’agit par exemple des cultures de cellules, désormais en 3D et associant différents types de cellules. Certaines miment le fonctionnement d’organes : de la peau synthétique permet de tester la toxicité de produits cosmétiques ; des cultures de cellules de foie pour scruter les mécanismes d’élimination des médications ou d’éventuelles interactions. Il existe ainsi une vingtaine de méthodes in vitro reconnues officiellement permettant d’évaluer la toxicité d’une molécule ou de contrôler la qualité de certains médicaments.
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