Cheval Magazine n°450 Dossier – mai 2009
Grande race française de chevaux de sport, l’anglo-arabe s’est fait plus discret sur les terrains de concours ces dernières années. Contrecoup des idées reçues autour de sa polyvalence et de son caractère ou conséquence d’un véritable déclin de l’élevage ? Ce qui est sûr c’est qu’aujourd’hui le débat est intense autour d’une race qui est à un tournant de son histoire.
PARTIE 1 : Une race à l’identité mal perçue
Fruit d’un mariage de raison entre races nobles, l’anglo-arabe est perçu comme un cheval polyvalent et au caractère bien trempé. Des qualificatifs qui lui ont peut-être porté préjudice…
On le dit endurant, généreux, rapide, souple, près du sang, chic, avec du caractère… Autant de qualités qui ont permis à l’anglo-arabe de connaître de belles années sur les terrains de concours du monde entier, ainsi que sous la selle de bon nombre d’amateurs. Mais aujourd’hui, la race serait en perte de vitesse. Certains la déclarent même en « voie d’extinction », ils n’hésitent pas à remettre en cause le travail des éleveurs, et finalement à critiquer cette polyvalence et ce tempérament autrefois vantés. Alors, que faut-il penser ? L’anglo-arabe est-il réellement tombé en désuétude ou simplement victime du succès des autres races de sport ?
Un stud-book complexe
La race anglo-arabe est née au milieu du XIXe, sous l’impulsion du directeur du Haras de Pompadour siècle qui a croisé des étalons arabes et des juments pur-sang anglais. Associant ainsi l’élégance, l’équilibre et l’endurance des premiers avec l’influx, la taille et la vitesse des secondes. Un mariage de raison qui a tout de suite séduit la cavalerie française et qui a permis à la race de se développer et de se doter du tout premier stud-book en France, en 1833. Si au départ, seuls les chevaux issus de croisement entre pur-sang et arabes y sont inscrits, par la suite le stud-book va connaître de nombreuses évolutions avec des ouvertures et fermetures successives. En 1993, la race devient internationale : il y a aujourd’hui 13 pays membres de la Conférence internationale de l’anglo-arabe.
Actuellement, le stud-book distingue les chevaux AA ayant plus de 50 % (section I) ou 25 % de sang arabe (section II). Ils sont notés *AA* lorsqu’ils n’ont que des ascendants pur-sang anglais et arabe. Depuis 2004, il existe aussi une section pour ceux qui ont moins de 25 % de sang arabe, ce sont les anglo-arabes de complément, notés AC ou *AC*. Avec le développement de l’élevage, il est devenu plus fréquent de croiser des anglo-arabes avec d’autres races de sport. C’est ainsi qu’en 2004 a été créée la section des anglo-arabes de croisement, notés AACr, qui doivent cependant conserver au moins 12,5 % de sang arabe. « Pour faciliter le travail des éleveurs mais aussi assurer une meilleure visibilité à la race, nous aimerions à l’avenir simplifier ces catégories en ne parlant plus que d’anglo-arabe de race pure – plus de 25 % de sang arabe – et d’anglo-arabe demi-sang », déclare Jean-Marie Bernachot, président de l’Association Nationale de l’Anglo-Arabe (ANAA) depuis 12 ans.
Discret mais toujours présent
On se souvient que l’anglo-arabe n’était pas rare sur les podiums il y a plusieurs dizaines d’années. Plus récemment on a vu des stars de l’obstacle comme le belge Alco, ou Dilème de Cèphe et celles du concours complet tels Crocus Jacob, ou Twist la Beige. Mais avec la suprématie actuelle du selle français, certains n’hésitent pas à déclarer que l’anglo-arabe n’a plus sa place à haut niveau.
En réalité, s’il est bien une discipline où l’anglo-arabe fait encore parler de lui, c’est le complet. Lors de la dernière Grande Semaine de Pompadour (finales nationales des jeunes chevaux en CCE), deux anglo-arabes se retrouvent parmi les élites (cinq meilleurs chevaux de la génération) pour les 4 ans et les 6 ans. On notera aussi que le père le plus représenté parmi les participants est l’anglo-arabe Sarastro. Enfin, au niveau international, l’anglo-arabe est devenu en 2007 la 3ème race mondiale en concours complet, perdant une place en 2008.
À ceux qui déplorent la discrétion de l’anglo-arabe sur les podiums, on peut aussi répondre qu’en 2008, lors des finales nationales de jeunes chevaux en CSO à Fontainebleau, l’étalon anglo-arabe Hermès d’Authieux s’est illustré comme meilleur père de jeunes chevaux de CSO. Ainsi, si l’anglo-arabe se fait plus discret à haut niveau ces dernières années, ce n’est pas dû à de piètres performances mais plutôt à cause de la montée en puissance d’autres races de sport ainsi qu’à sa faible représentation. « Il est difficile de concurrencer le selle français alors que chaque année il nait entre cinq et sept fois moins d’anglo-arabes », résume Jean-Marie Bernachot.
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