Article paru dans Recherche & Santé n°150 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – mai 2017 /
MALADIE INFECTIEUSE
« Le virus Zika a beaucoup fait parler de lui. Que sait-on aujourd’hui ? »
Depuis février 2015 l’Amérique latine et surtout le Brésil font face à une épidémie sans précédent de virus Zika. En mars 2016, une étude de l’Institut Pasteur a estimé pour la 1ère fois le risque pour le bébé né d’une femme infectée pendant la grossesse d’être atteint de microcéphalie. Cette malformation du cerveau provoque un handicap psychomoteur important, et constitue la principale complication de l’infection par le virus Zika. D’après les auteurs : » 1% des fœtus ou nouveau-nés dont la mère a été infectée au cours du premier trimestre de grossesse sont atteints de microcéphalie, alors que le risque n’est que de 0,02% en temps normal, soit un risque multiplié par 50. “ Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 2015-16 près de 2 300 enfants atteints de microcéphalie liée au virus Zika sont nés au Brésil. D’autres études récentes ont par ailleurs démontré que la transmission n’est pas seulement liée au moustique Aedes, mais est également possible par voie sexuelle, alors même que la personne infectée ne présente aucun symptôme. Un tel cas de transmission a même été constaté en France.
Actuellement, le virus Zika est présent dans 72 pays. Depuis l’été dernier, sept essais cliniques de phase I ont été lancés chez l’homme pour tester des candidats vaccins contre le virus Zika, en Europe et aux Etats-Unis. Les premiers résultats sont attendus pour la fin de l’année.
– Le virus Zika appartient à la famille des Flavivirus, transmis par les moustiques du genre Aedes. Il est présent en Asie et en Afrique, et a récemment fait son apparition en Amérique Latine.
– Chez la plupart des personnes infectées, il ne provoque aucun symptôme. Et lorsque maladie apparaît, 3 à 12 jours après l’inoculation par un moustique, elle se manifeste en général de façon bénigne par des symptômes de type grippal : fièvre, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête, fatigue intense, éruption cutanée…
– Dans de très rares cas, l’infection peut déclencher chez l’adulte un syndrome de Guillain-Barré, c’est-à-dire une paralysie progressive à partir des jambes jusqu’au torse pouvant toucher les muscles respiratoires et conduire au décès.
– Chez les femmes enceintes, lorsque le virus est transmis au fœtus, il peut provoquer une malformation sévère, la microcéphalie, à l’origine d’un retard mental irréversible.
– Il n’existe aujourd’hui aucun vaccin ni traitement spécifique de la maladie due au virus Zika.
Avec Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur (Paris).