Article paru dans Recherche & Santé n°153 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – hiver 2018 /
La principale cause de surdité acquise est la destruction des cellules ciliées, ces cellules sensorielles de l’oreille interne qui transforment les vibrations de l’air, les sons, en message nerveux à destination du cerveau. Or ces cellules sont incapables de se régénérer toutes seules. Les chercheurs explorent donc différentes méthodes pour les y aider. L’une de plus prometteuses est la thérapie génique : l’idée est d’introduire dans la cochlée le gène Atoh1, dont il a été montré sur des modèles animaux qu’il induit la régénération des cellules ciliées qui se reconnectent ensuite d’elles-mêmes au nerf auditif. En 2014, une équipe de l’Emory University du Kansas, aux Etats-Unis a lancé un essai clinique de phase I de cette thérapie génique chez une quarantaine de patients atteints de surdité profonde. Pour l’instant, les résultats n’ont pas encore été publiés.
Par ailleurs, d’autres équipes de recherches travaillent sur différentes approches de thérapie cellulaire, c’est-à-dire l’utilisation de cellules souches pour réparer la cochlée. Enfin, des travaux plus avancés ont mis à jour plusieurs molécules qui protègent les cellules ciliées voire qui favorisent leur régénération : des facteurs trophiques c’est-à-dire qui nourrissent les tissus ou stimulent la repousse du nerf auditif, d’autres anti-apoptiques qui bloquent la mort des cellules ciliées. À l’Institut des neurosciences de Montpellier, l’équipe « Surdités, acouphènes et thérapies » du Pr Jean-Luc Puel travaille d’ailleurs à la mise au point d’une micropompe qui devrait permettre, à terme, de délivrer directement dans l’oreille et de façon continue ces substances régénératrices. L’équipe montpelliéraine développe aussi un gel de diffusion, durable dans le temps, qui serait plus facile à utiliser et destiné aux personnes atteintes de surdité légère ou modérée.
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La surdité acquise est une déficience auditive qui n’est pas présente à la naissance, mais qui survientde façon brutale ou progressive par la suite. Chez l’adulte, elle correspond à une perte d’audition supérieure à 40 dB dans la meilleure oreille. Elle peut avoir plusieurs origines : maladies infectieuses (méningite, rubéole…), infections chroniques de l’oreille (otites internes), exposition à des substances ototoxiques (médicaments, exposition professionnelle…), exposition à un bruit excessif, ou simplement le vieillissement. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un tiers des personnes de plus de 65 ans sont touchées par une perte d’audition incapacitante.