Alfort, temple de la médecine vétérinaire

Article paru dans “Cheval Magazine” n°581 avril 2020 /

L’École nationale vétérinaire d’Alfort est indissociable de l’histoire du cheval en France. Riche de son passé, elle a profité de l’anniversaire de ses 250 ans pour se projeter dans l’avenir et repenser complètement l’organisation de ses activités équines. 

Passer les grilles de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), traverser la cour d’honneur et se promener à travers les douze hectares de son campus, c’est un peu comme voyager à travers le temps. Vous êtes là en effet dans la plus ancienne grande école au monde encore installée sur son site initial ! L’un des fleurons du patrimoine universitaire, scientifique mais aussi équin du pays. Certes, la plus vieille école vétérinaire au monde est celle de Lyon, créée en 1761. À l’époque Claude Bourgelat, fameux écuyer et vétérinaire, convainc Louis XVI de l’intérêt de former des spécialistes des maladies animales pour lutter contre les épizooties. Mais depuis, l’école lyonnaise a déménagé. L’école d’Alfort, elle, a accueilli ses premiers étudiants en 1766, sur le site du château d’Alfort acheté par Claude Bourgelat lui-même, et n’a jamais quitté ce site historique depuis, à quelques stations de métro du cœur de Paris.

De l’hippiatrie à la médecine vétérinaire

L’histoire de l’EnvA est indissociable des noms de grands scientifiques qui y sont passés durant les siècles : Camille Guérin et Albert Calmette, découvreurs de la bactérie responsable de la tuberculose – le fameux bacille de Calmette et Guérin, ou BCG -, Louis Pasteur, père de la vaccination, ou encore Henri Bouley, reconnu internationalement pour ses talents d’expert et d’enseignant de la médecine vétérinaire. Elle est aussi inséparable de celle du cheval, et ce, dès sa création : « le cheval avait une place essentielle dans la société au XVIIIe siècle. C’était un animal de grande valeur, qui appartenait plutôt aux classes aisées. Ce qui explique que la chirurgie équine était déjà développée à cette époque, car les propriétaires de chevaux avaient les moyens de payer des soins coûteux, explique Christophe Degueurce, directeur de l’école depuis 2017. Certes les écoles de Lyon et Alfort se sont avant tout focalisées sur les animaux de ferme qui avaient un intérêt économique pour le pays, mais le cheval a tout de suite été soigné car on le connaissait déjà bien grâce aux écoles d’hippiatrie, l’ancêtre de la médecine équine, qui existaient depuis déjà des siècles. » Au début, il était surtout question de chirurgie des pieds, de kystes cutanés, de soigner des verrues et poser des sétons, « des lanières de cuir ou des plantes que l’on introduisait sous la peau du cheval pour provoquer une suppuration, car on pensait qu’évacuer le pus était une bonne façon de soigner. On faisait aussi beaucoup de saignées et de purges. Il fallait faire sorti les humeurs ! » 

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