Cancer : quand la cellule s’emballe

Dossier paru dans le Journal de l’Institut Curie n°115 – septembre 2018 / 

 

À l’origine d’un cancer, l’accumulation d’erreurs génétiques et le dérèglement de grandes fonctions cellulaires : les cellules échappent alors aux mécanismes de contrôle mis en place normalement par l’organisme. Identifier les différentes étapes de cet emballement, c’est se donner les moyens d’agir de façon plus ciblée et donc plus efficace contre le cancer.

 

Le cancer est une maladie de la cellule. C’est Theodore Boveri qui le premier, en 1902, émet cette hypothèse, avançant qu’une tumeur dérive d’une seule cellule qui se divise de manière incontrôlée. Une théorie rejetée par ses pairs mais par la suite confirmée par de très nombreuses découvertes. Aujourd’hui le consensus est clair, comme le résume Alain Puisieux, directeur du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL) : « à l’origine d’un cancer, la dérégulation d’une seule cellule. Le plus souvent une mutation sur un gène qui contrôle sa division. La cellule se multiplie alors de façon incontrôlée. Mais pour conduire au développement d’une tumeur, les nouvelles cellules doivent acquérir d’autres anomalies génétiques, concernant leur survie ou leur capacité à ignorer des signaux de régulation venant de leur environnement. Dix à 15 évènements génétiques différents sont nécessaires pour donner naissance à un cancer. » D’un patient à l’autre, d’une tumeur à l’autre, ces évènements ne sont pas les mêmes. Les identifier, comprendre leur rôle est très important si l’on veut traiter la maladie efficacement.

Une cellule qui accumule les anomalies génétiques

Dans notre organisme, les cellules sont en perpétuel renouvellement : « à chaque division, la cellule copie l’intégralité de son ADN, et des erreurs surviennent, explique le Dr Anne Vincent-Salomon, anatomopathologiste et chercheuse spécialisée en génétique des cancers à l’Institut Curie. Heureusement il existe des mécanismes de réparation de l’ADN. Mais avec l’âge, ils sont moins efficaces, et ils peuvent eux-mêmes être victimes d’anomalies génétiques. Par ailleurs, certains agents comme le tabac, l’alcool ou les UV du soleil augmentent le risque d’erreurs. »

Dans près de la moitié des cancers, on retrouve par exemple une mutation du gène p53 : il code une protéine surnommée « gardienne du génome » car elle maintient l’intégrité de celui-ci, ou provoque la mort de la cellule lorsqu’il est trop endommagé. « Il existe un très grand nombre d’anomalies génétiques possibles, précise le Dr Vincent-Salomon. Mais aujourd’hui on ne comprend pas toujours pourquoi dans tel contexte, telle accumulation de mutations va conduire ou non à un cancer. »

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