Cheval Magazine n°492 rubrique Dans son quotidien – novembre 2012
A l’Académie du spectacle équestre de Versailles, ce lusitanien crème de 9 ans se produit plusieurs fois par semaine devant les spectateurs. Le reste du temps, il poursuit sa formation.
Dès sa création en 2003 par Bartabas, l’Académie du spectacle équestre de Versailles s’est fait connaître par sa cavalerie de lusitaniens crème. Ces chevaux dont la robe reflètent la lumière comme nulle autre portent les noms de peintres célèbres. Parmi eux Chagall, qui dans ce lieu chargé d’histoire perpétue la longue tradition de l’art équestre.
Artiste, Chagall n’en est pas moins un cheval comme les autres, pour qui la journée commence par une ration d’orge et d’avoine dès 7h. Puis, comme chaque week-end et jeudi des vacances scolaires, il va enchainer deux représentations : la Matinale des écuyers, une séance de travail en public, et le spectacle à proprement dit. Vers 10h, alors que les portes de l’écurie s’ouvrent déjà au public, Séverine, jeune recrue de l’Académie et groom de l’écuyer titulaire Emmanuel Dardenne, vient le chercher. Elle l’accroche à l’extérieur pour le premier pansage de la journée. « Il est un peu chatouilleux mais rien de méchant », reconnaît elle. Rituel immuable : défaire les tresses d’écurie et tresser crinière et queue pour la représentation. « On fait très attention à leurs crins, les tresser permet d’éviter de trop les brosser et de les casser », explique Séverine. Bandes de travail, filet, selle, Chagall est prêt à être détendu quelques minutes par Emmanuel. Il rejoint la majestueuse carrière d’un pas volontaire. « Chagall est très généreux, avec beaucoup d’impulsion. Il y a encore des choses à perfectionner mais on sent qu’il aime travailler », confie Emmanuel qui le monte depuis son arrivée à l’Académie il y 5 ans. Et c’est effectivement ce que l’on constate durant la Matinale : transitions, voltes, appuyés… même si Chagall a quelques difficultés avec les changements de pied, il se plie volontiers aux exercices. Ce n’est qu’au moment des applaudissements qu’il semble remarquer le public.
Ramené au box par Séverine pour être pansé et tressé à nouveau, on sent Chagall impatient, il guette l’arrivée d’Emmanuel… et de sa pomme ! « C’est le plus gourmand de l’écurie ! Après chaque séance de travail, il attend sa récompense » s’amuse l’écuyer qui le compare à un cheval de cirque « avec un peu de nourriture on pourrait lui apprendre n’importe quoi ! » À cause de cette gourmandise notamment, certaines filles de l’écurie le surnomme tendrement cachalot. D’ailleurs, Chagall ne s’y trompe pas, il sait très bien que vers midi, c’est l’heure du foin et du picotin…/…