novembre 2011, OncoMagazine – Éditions Springer
Les 19 et 20 septembre dernier, OncoMagazine a organisé à Évian-Les-Bains sa première Table Ronde sur le thème des filières d’excellence et plus particulièrement celles qui concernent le cancer du sein. L’occasion pour une quinzaine d’experts de débattre des avantages et inconvénients du modèle des Breast Units, et de la question de la labellisation de telles structures.
Centre Sein Godinot à Reims, Institut du Sein à Paris, Centre des maladies du sein à l’hôpital Saint Louis, Clinique Hartmann à Neuilly… De plus en plus de sites spécialisés dans la prise en charge des pathologies mammaires ouvrent leurs portes en France. Cela fait suite à la réflexion initiée il y a une dizaine d’années par les Anglais sur le développement de Breast Units (B.U) à l’européenne, et à l’invitation faite en mai 2003 par le Parlement européen aux États membres à mettre sur pied des centres pluridisciplinaires agréés pour la prise en charge des cancers du sein. Mais comment adapter ce modèle de filières de qualité à notre paysage de santé publique ? Faut-il multiplier les structures type B.U ou organiser leur rayonnement pour garantir à toutes les femmes une prise en charge optimale ?
La sénologie n’est pas une spécialité universitaire reconnue. Mais dans notre pays où le cancer du sein représente une grosse part de l’activité oncologique, avec entre 40 000 et 50 000 nouveaux cas par an, l’idée d’individualiser la prise en charge de ces patientes dans des centres intégrés se pose de plus en plus. « Le temps est révolu où un médecin devait savoir tout faire. Il est désormais indispensable de savoir travailler en réseau avec tous les spécialistes du cancer du sein, du dépistage au suivi post traitement et d’instaurer des standards, résume le Dr Daniel Serin, modérateur de cette table ronde. Cependant, plusieurs questions se posent quant à la création de B.U à la française. »
Qualité et multidisciplinarité
Première interrogation : comment définir les standards de qualité de cette prise en charge et notamment le volume d’activité nécessaire d’une B.U ? Les critères d’Eusoma (voir encadré) sont sans aucun doute une base de réflexion très pertinente, d’autant qu’ils ont été définis par des spécialistes, et non par des organismes de tutelle, et qu’ils sont évalués par ces mêmes spécialistes (certification par les pairs). Deuxième question : quel doit être le contenu minimum obligatoire quant aux disciplines représentées dans un B.U ? Les progrès considérables réalisés ces vingt derrières années en matière de diagnostic et traitement du cancer du sein déplacent progressivement les besoins des patients vers une prise en charge qui inclut les aspects psychologiques, esthétiques voire sociaux. Autre point important : l’unité de temps et d’espace est indispensable si l’on veut répondre aux exigences des patientes mais aussi garantir une interaction optimale entre tous les intervenants. Cependant, l’existence de réseaux déjà bien implantés dans notre pays ne doit pas être négligée. « La création de B.U ne doit pas conduire à la création d’inégalité à travers l’exclusion de certaines patients pour des raison géographiques. Il faut s’appuyer sur le maillage préexistant, insiste Françoise Pinto, de l’association Europa Donna. « Gare aussi à la concurrence que cela peut induire avec les structures de soins préexistantes, les B.U ne doivent pas s’opposer aux réseaux qui existent déjà », estime quant à lui le Dr Didier Touche, radiologue au Centre Sein Godinot de Reims. Enfin, il s’agit de ne pas se concentrer uniquement sur le cancer du sein mais bien de prendre en charge l’ensemble des pathologies mammaires. Se pose alors la question de sortir les B.U des structures de lutte anti cancer.