Dossier paru dans “Recherche & Santé n°176 de la Fondation pour la Recherche Médicale – décembre 2023 /
Longtemps la douleur a été une grande ignorée de la médecine, considérée comme faisant partie du mécanisme « normal » de guérison. Mais les choses ont changé ces cinquante dernières années, et à force de travaux de recherche fondamentale et clinique, les médecins et les chercheurs ont mieux compris ses mécanismes et développé un arsenal thérapeutique conséquent. Si la douleur aigue est aujourd’hui plutôt bien prise en charge, il reste encore de nombreux défis à relever du côté de la douleur chronique qui touche de très nombreuses personnes.
La douleur est à l’origine de près des deux tiers de consultations médicales en France. Phénomène complexe qui peut s’installer dans la durée, elle est définie par l’association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée, ou ressemblant, à celle liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ». De fait il n’existe pas une mais des douleurs, aux caractéristiques très diverses. Elles font aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches pour tenter de mieux en comprendre les mécanismes et surtout, d’améliorer leur prise en charge.
Comprendre les douleurs
Les douleurs sont classifiées selon leur nature et leur durée, « même s’il existe des porosités entre chaque catégorie et que les patients présentent parfois des tableaux cliniques complexes », précise Michel Barrot, chercheur à l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives (Strasbourg). On distingue les douleurs nociceptives, liées à la stimulation de récepteurs appelés nocicepteurs, localisés sur les petites fibres nerveuses présentes partout dans l’organisme et qui sont activés par un coup, une plaie ou une chaleur excessive par exemple. L’information saisie par les nocicepteurs est conduite jusqu’au cerveau par des voies nerveuses spécifiques et interprétée par celui-ci au niveau du cortex notamment. En 2021, le prix Nobel de médecine a récompensé la découverte des canaux TRP et PIEZO impliqués respectivement dans les nocicepteurs thermiques et mécaniques. Preuve s’il en est que l’étude des bases moléculaires de la douleur est un domaine en pleine effervescence.
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