Cheval Magazine n°395 rubrique Vétérinaire – décembre 2004
Dents de loup, tartre, surdents… Autant de menaces qui pèsent sur la bouche de votre cheval. Pour lui permettre de s’alimenter correctement, et garantir une bonne communication entre vos mains et sa bouche, le dentiste équin est votre meilleur allié.
Sur le million d’équidés que compte le territoire français, un tiers seulement serait suivi régulièrement par un dentiste équin. Un véritable déséquilibre que déplore Thomas Guimbellot, de l’Association Européenne de Dentisterie Équine (AEDE). Tout au long de sa vie, « les dents d’un cheval doivent être examinées par un professionnel au moins une fois par an », insiste-t’il. Car si la bouche est un organe essentiel pour l’alimentation, c’est aussi un moyen de communication entre le cavalier et sa monture. Et comme elle évolue tout au long de la vie de l’animal, elle nécessite des soins réguliers.
Équilibre entre croissance et usure
Dans son plus jeune âge, un cheval peut posséder 16 dents comme n’en avoir aucune. Elles ne sont en effet pas nécessaires lorsqu’il ne s’alimente qu’avec le lait de sa mère. Comme les humains, les chevaux ont d’abord une dentition lactéale (dents de lait), complète vers l’âge de 8 mois, qui laisse progressivement place aux dents définitives. À 5 ans, la dentition adulte est complète, 36 dents pour les juments et 40 pour les mâles. Sur chaque mâchoire, on distingue : 3 paires d’incisives (pinces, mitoyennes et coins), 1 paire de canines (crochets), puis en arrière des barres*, 3 paires de prémolaires et 3 paires de molaires. En général, une jument ne possède pas de crochets, sinon on dit qu’elle est bréhaigne.
Le cheval étant un herbivore, on distingue deux types de dents fonctionnelles : des incisives pour arracher l’herbe et des molaires et prémolaires similaires qui ont un rôle de broyage. Le cheval écrase sa nourriture, c’est pourquoi la surface de ses dents s’use progressivement. Autre caractéristique de l’herbivore : les dents ont une croissance prolongée, d’environ 2 à 3 millimètres par an jusqu’à environ l’âge de 20 ans. Ce n’est pas comme chez les rongeurs où les dents ont une croissance illimitée toute la vie durant ; chez le cheval, les dents poussent jusqu’à une longueur donnée, puis sortent peu à peu de leur alvéole* pour que le contact entre mâchoires supérieure et inférieure soit maintenu. Dans un mode de vie naturel, croissance puis éruption permettent de compenser l’usure des dents. Ainsi la taille des dents décroît après un certain âge, mais la partie visible reste de taille constante. C’est cette usure qui permet de déterminer l’âge d’un cheval adulte (voir encadré).
Les soins courants
Avec les conditions d’alimentation imposées par l’homme, l’équilibre entre usure et éruption progressive des dents est bouleversé. La visite régulière d’un dentiste permet de gérer au mieux ces anomalies et d’éviter les surdents au niveau de molaires et des prémolaires. Ce problème survient lorsque les dents ne s’usent pas assez vite par rapport à leur progression hors de l’alvéole*. Pour limer ces surdents, le dentiste utilise une râpe ou une meule électrique. Si ce n’est pas fait régulièrement, les surdents peuvent empêcher le cheval de mastiquer correctement, le blesser au niveau de la face interne de ses joues et de sa langue et provoquer alors des inflammations gênantes. « Lorsqu’on lime des surdents, il faut aussi surveiller les incisives. On a tort de croire que celles-ci ont une éruption différente. Si l’on ne s’occupe que des molaires et prémolaires, on risque de provoquer des défauts d’occlusion* », rappelle Thomas Guimbellot. Dans le cadre d’une visite d’entretien, le dentiste peut aussi arrondir légèrement la pointe des prémolaires sur lesquelles repose le mors, afin d’améliorer le contact avec celui-ci. Préparer le siège du mors, appelé aussi bit-seat, doit cependant être fait avec modération. Ces dernières années, cette pratique a pu conduire à des dérives condamnées par Thomas Guimbellot et l’ensemble de l’AEDE…/…
