Dossier sur la maladie d’Alzheimer paru dans Recherche & Santé n°120
La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – octobre 2009
EXTRAIT :
Longtemps ignorée, la maladie d’Alzheimer fait l’objet d’un vaste plan d’action gouvernemental. Face à ce triple défi, scientifique, médical et social, il s’agit de replacer le malade et son entourage au cœur de toutes les actions mises en place. Objectif : fournir un effort sans précédent pour favoriser le diagnostic précoce et améliorer la prise en charge des patients et de leurs aidants.
En 1906, le Dr Aloïs Alzheimer est le premier à décrire un cas de démence progressive, associée à une neurodégénérescence et à la présence de plaques dans le cerveau. Il faudra attendre 60 ans pour que cela soit considéré comme une maladie et non un vieillissement normal du cerveau, et 20 ans de plus pour que les chercheurs s’intéressent enfin aux cerveaux des malades.
Peu de choses sont aujourd’hui connues sur la maladie d’Alzheimer. Pour beaucoup, cela reste une maladie honteuse associée aux troubles de la mémoire. Mais Alzheimer est bien plus complexe et sa dimension sociale considérable. On ne peut donc que se réjouir à la mise en place l’année dernière du Plan Alzheimer 2008-2012 avec 3 objectifs : la santé, la recherche et la solidarité.
De plus en plus de malades
« Il y aurait en France 850 000 malades d’Alzheimer, raconte le Dr Jean-François Dartigues, chercheur à l’université Bordeaux 2 et co-auteur d’une expertise collective de l’Inserm sur ce thème. Après 65 ans, l’incidence de la maladie double pratiquement tous les 5 ans. » Les femmes sont plus touchées : après 75 ans, 20,5 % d’entre elles sont touchées contre 13,2 % des hommes ; après 90 ans, c’est une femme sur 4 et un homme sur 5 qui sont concernés (étude Paquid). Principal facteur de risque donc, l’âge. Avec le vieillissement progressif de la population, on s’attend à avoir de plus en plus de malades : 65 à 100 000 nouveaux cas par an ! « À âge égal, les femmes ont plus de risque. Après la ménopause, elles ne bénéficient plus de la protection des hormones sexuelles. Autre facteur, le niveau d’études : plus il est élevé et moins il y a de risques. Aujourd’hui les personnes de 65 ans qui ont fait des études secondaires ont deux fois moins de risques que ceux qui n’ont pas atteints ce niveau d’étude », précise le Dr Dartigues.