Écologie et féminisme, compatibles ?

Article paru dans “Ça M’Intéresse Santé” spécial Femmes – 3e trim 2020 /

Pour certaines femmes, protection de la planète rime avec émancipation. Mais pour d’autres, c’est plutôt synonyme de corvées et charge mentale supplémentaires.

Protections hygiéniques lavables, cosmétiques et lessives à faire soi-même, achats alimentaires en vrac, yaourts et pains faits maison… Et si les nouvelles injonctions en matière de comportement écologique pesaient surtout sur les épaules des femmes ? D’après une enquête menée en 2015 par le Pew Research Center dans onze pays développés, parmi lesquels la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Canada, les femmes sont en effet plus préoccupées et se sentent majoritairement plus concernées par le changement climatique que les hommes. Par ailleurs, faut-il encore le rappeler, dans notre pays les femmes consacrent en moyenne 3h26 par jour aux tâches domestiques (ménage, courses, soins aux enfants, etc.) contre 2h pour les hommes (données Insee 2010). Pour autant, il existe à travers le monde de nombreux mouvements écologiques initiées et dirigées par des femmes et qui sont autant de moyens pour elles de s’émanciper du patriarcat.

De quoi l’écoféminisme est-il le nom ?

Du haut de ses 16 ans, Greta Thunberg est devenue la figure moderne la plus emblématique de la lutte contre le bouleversement climatique. Une « hystérique écolo » diront certains… Mais la jeune suédoise est surtout l’héritière d’une longue lignée de femmes qualifiées d’écoféministes. Rendons à Cléopâtre ce qui est à Cléopâtre : l’écoféminisme est apparu pour la première fois dans un essai de la philosophe française Françoise d’Eaubonne, paru en 1974. Elle a mis en mot un concept développée dix ans plus tôt aux États-Unis par une scientifique américaine, Rachel Carson, et qui rapproche l’oppression des femmes et celle de la nature par les hommes. 

Pour beaucoup de femmes, il est impossible d’être écologiste sans être féministe, et vice versa. Militer pour un monde plus égalitaire et plus respectueux englobe ces deux notions. D’ailleurs, dans de nombreux pays, les femmes sont à la tête de mouvements en faveur de la planète : prix Nobel de la paix en 2004, la Kényane Wangari Maathai surnommée la « maman des arbres » a ainsi consacré sa vie à la défense de l’environnement et à l’insertion des femmes dans la vie publique ; l’Indienne Vandana Shiva est une figure de proue mondiale de la lutte contre les OGM et lutte aussi ardemment en faveur des femmes de son pays ; en Bolivie le collectif féminin des Yaku Warmi se déplace de village en village pour faire des femmes les nouvelles résistantes contre la privatisation des terres cultivables par des intérêts miniers ; en Angleterre, le Camp pour la paix de Greenham Common a été tenu pendant plus de 19 ans exclusivement par des femmes pour lutter contre l’implantation de matériel nucléaire dans la région… Et la liste est encore longue ! De fait, les conférences des Nations Unies sur l’environnement et le changement climatique mettent régulièrement à l’honneur les femmes qui « ont un rôle vital dans la gestion de l’environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d’un développement durable. »

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