Santé Magazine n°467 – novembre 2014 /
Cette déformation du gros orteil concerne essentiellement les femmes entre 25 et 50 ans. Elle s’aggrave avec le temps et peut conduire à des douleurs très invalidantes. Le seul remède est alors l’opération chirurgicale. Que faut-il savoir avant de se faire opérer ?
Aux Etats-Unis, il est une opération qui fait fureur parmi les fans d’escarpins et grand bruit dans les médias. Dénommée « procédé Cendrillon » par un chirurgien californien, son objectif est de réduire l’hallux valgus afin de permettre aux femmes de porter les chaussures de leurs rêves… Certains observateurs dénoncent un effet de mode, c’est oublier que l’hallux valgus est bel et bien une pathologie qui, en s’aggravant avec le temps, provoque d’importantes douleurs et complique la vie des femmes qui ne peuvent plus se chausser comme elles le souhaitent.
Selon l’Union Française pour la Santé du Pied, 65 % des Français se plaignent de douleurs aux pieds. L’un des premiers motifs de plainte, c’est l’hallux valgus, qui dans 95 % des cas concerne des femmes. Il s’agit d’une déviation du gros orteil vers le deuxième orteil, qui conduit à la longue à une déformation de l’avant-pied. Avec le temps, l’angle de déviation devient de plus en plus important, le pied s’élargit et il se crée une zone de frottement avec la chaussure, communément appelée oignon. « En général, l’hallux valgus en lui-même ne fait pas mal, c’est le port de chaussures dont la largeur n’est pas adaptée qui crée la douleur, car il y a une compression d’un petit nerf situé sous la peau niveau de l’articulation du gros orteil », explique le Dr Bernard Outters, chirurgien orthopédiste spécialiste de l’hallux valgus depuis plus de 20 ans à la Clinique du pied (Paris). Si rien n’est fait, les autres orteils peuvent à leur tour être déformés (on parle alors d’orteils en griffes) et l’appui des pieds perturbé, avec des conséquences sur l’équilibre et d’éventuelles douleurs de dos. L’hallux valgus n’est donc pas à prendre à la légère.
Quand opérer ?
Pour le Dr Outters, l’opération doit être envisagée « lorsque la douleur revient régulièrement, et que l’on ne trouve plus de chaussures à son goût dans lesquelles on se sent bien ». En France, rares sont les chaussures proposées en différentes largeurs, les femmes concernées par un hallux valgus rencontrent donc rapidement des problèmes pour se chausser. Lorsque les antidouleurs ne suffisent plus, et que la déformation s’aggrave, il faut s’adresser à un chirurgien orthopédiste. Si l’Assurance Maladie rappelle qu’ « en aucun cas cette chirurgie n’est indiquée pour des raisons esthétiques ou préventives », pour le chirurgien parisien, d’autres considérations peuvent entrer en ligne de compte : « les hôtesses de l’air ou les mannequins par exemple, à cause de leur profession, sont obligées de marcher toute la journée avec des escarpins. » De fait, il est fréquent que ces femmes envisagent l’opération bien avant que la douleur ne s’installe durablement. Dans tous les cas, le coût de l’intervention est pris en charge par l’Assurance Maladie, mais gare aux dépassements d’honoraires, fréquents chez les chirurgiens et les anesthésistes.
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