Hans et la psychologie expérimentale

Cheval Magazine n°434 rubrique Psychommunication – mars 2008

Beaucoup de cavaliers connaissent l’histoire d’Hans le Malin. Mais ce que l’on ignore souvent, c’est que ce cheval intelligent à plus d’un titre a participé à la création d’une nouvelle discipline scientifique. Et que son histoire nous permet de nous interroger sur les relations entre homme et cheval.

« Combien font quatre fois trois ? », « la femme sur cette photo est-elle présente dans l’assemblée ? », « quel jour sommes-nous ? », « peux-tu épeler le mot savon ? »… Autant de questions auxquelles Hans était capable de répondre, simplement en frappant le sol avec son sabot. Et c’est avec ses exploits qu’il a conquis un large public en Allemagne et à travers l’Europe au début du XXe siècle. Au point que les plus éminents scientifiques de l’époque se sont penchés sur son cas.

Beaucoup ont crié à la supercherie, estimant qu’Hans avait tout simplement été dressé par son propriétaire Wilhem Von Osten comme n’importe quel animal de cirque. D’autres ont évoqué des explications aussi farfelues qu’une communication télépathique via de pseudo rayons N. Une commission d’enquête a alors été créée à Berlin en 1904, regroupant divers experts comme des directeurs de cirques, des universitaires, un vétérinaire et un célèbre psychologue, Carl Stumpf, alors directeur de l’Institut Psychologique de l’Université de Berlin. Son rapport conclu que les compétences d’Hans Le Malin ne peuvent être dues à une simple fraude, et qu’il convient de se pencher un peu plus sur le cas surprenant de ce cheval. C’est ce que va alors faire Oskar Pfungst, un jeune étudiant de Stumpf.

Pfungst retient deux points importants dans le rapport de la commission : le cheval répond correctement même si c’est une autre personne que son maître qui lui pose des questions ou si celui-ci est absent de l’assistance. Certes, il ne répond pas à tous avec autant de succès. Mais il est incapable de répondre si la personne qui pose la question ne connaît pas elle-même la bonne réponse. Pfungst en conclut donc que c’est avant tout du côté de celui qui pose les questions qu’il faut se pencher, plutôt que du côté de Hans. Une petite révolution pour la psychologie expérimentale ! Le jeune étudiant est convaincu qu’il existe une explication rationnelle aux exploits d’Hans et que cela a à voir avec une forme de communication imperceptible et involontaire entre l’homme et le cheval…/…

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