Hans, le cheval pas si savant

Article paru dans “Cheval Magazine” n°569 avril 2019 /

Au tournant du XXe siècle, l’histoire de Hans le Malin fait le tour du monde : ce cheval saurait compter, et même lire ! D’éminents psychologues se penchent sur son cas. Et ce qu’ils découvrent va bouleverser à jamais l’expérimentation scientifique…

Berlin, dans les années 1890, Wilhelm von Osten est un professeur de mathématiques un peu excentrique qui se passionne pour l’intelligence animale. Pour prouver qu’ils ne sont pas si bêtes, il tente d’apprendre des rudiments d’algèbre à un chat, un ours et un cheval. Et ce dernier se révèle être un élève hors pair ! Lorsque von Osten écrit un nombre sur un tableau noir, l’animal est capable de frapper le sol avec son sabot d’un nombre de coups équivalent. Avec un peu d’entraînement, il sait même résoudre quelques opérations simples ! Nommé Hans, il s’agit d’un étalon de robe noire, avec une petite marque en tête et deux balzanes aux postérieurs. En quelques années à peine, Hans se fait connaître dans le monde entier : outre-Atlantique le New York Times lui consacre même plusieurs articles ! Un siècle plus tard, s’il tient une place importante dans l’histoire des sciences,ce n’est pas à cause de ses performances en mathématiques, mais plutôt parce qu’il a profondément bouleversé les méthodes de l’expérimentation scientifique. Aujourd’hui tout chercheur se doit de connaître l’effet « Hans le Malin »… 

Dressage ou télépathie ?

Dès ses premiers exploits, von Osten emmène Hans en tournée à travers toute l’Europe et organise des représentations gratuites où la foule se presse en nombre. « Combien font quatre fois trois ? », « la femme sur cette photo est-elle présente dans l’assemblée ? », « quel jour sommes-nous ? », « peux-tu épeler le mot savon ? »… Autant de questions auxquelles Hans est capable de répondre, simplement en frappant le sol avec son sabot. Bien sûr il lui arrive de se tromper, mais c’est plutôt rare. Parmi les spectateurs, on voit rapidement se glisser quelques scientifiques qui crient à la supercherie. Certains estiment qu’Hans a été dressé comme n’importe quel animal de cirque. D’autres évoquent des explications aussi farfelues qu’une communication télépathique via de pseudo rayons N… Une commission d’enquête est alors créée à Berlin en 1904, regroupant des directeurs de cirques, des universitaires, un vétérinaire et le célèbre Carl Stumpf, alors directeur de l’Institut Psychologique de l’Université de Berlin. Les experts entreprennent une longue série d’expérimentations, et concluent dans un premier rapport que les compétences d’Hans Le Malin ne peuvent être dues à une simple fraude. C’est alors qu’Oskar Pfungst, jeune étudiant de Stumpf, décide d’aborder l’énigme d’Hans Le Malin sous un nouvel angle… 

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