Article paru dans “The Good Life” en février 2020 /
Alors que les Français sont les premiers fabricants et consommateurs d’homéopathie au monde, l’État a décidé de dérembourser ces médicaments pour cause d’efficacité non prouvée.
Près de trois quarts des Français croient aux bienfaits de l’homéopathie, et la moitié d’entre eux déclarent en consommer pour se soigner (Baromètre santé 360, Institut Odoxa, janvier 2019). En 2017, cela représentait un marché d’environ 620 millions d’euros selon le cabinet OpenHealth qui s’appuie sur les ventes de quelques 11 000 pharmacies du pays. Nous sommes ainsi les premiers consommateurs au monde de ces petites granules, mais aussi les premiers producteurs avec le laboratoire Boiron, leader mondial incontesté. En 2017, son chiffre d’affaires s’élevait à plus de 617 millions d’euros, dont 61,3 % réalisés dans l’Hexagone. Un marché en pleine expansion, des consommateurs plus que convaincus… et pourtant, le débat sur l’homéopathie n’a jamais été aussi vif dans notre pays ! En 2018, plus de 3000 professionnels de santé ont signé une tribune dénonçant le coût et « le charlatanisme » des « médecines alternatives comme l’homéopathie ». Depuis, certaines facs de médecine ont suspendu la délivrance de leur diplôme universitaire (DU) d’homéopathie. Dernier acte et non des moindres, l’État a annoncé le déremboursement des médicaments homéopathiques en janvier prochain. Pas de quoi pourtant inquiéter Christian Boiron, actuel P.-D.G. du laboratoire fondé par son père et son oncle en 1932 qui a déclaré au journal Le Monde qu’il ne s’agissait rien de plus qu’une « tempête infinitésimale ».
Deux siècles d’utilisation
L’homéopathie est née à la fin du XVIIIe siècle. À l’époque, les médecins ont un arsenal de substances thérapeutiques très limité, et celles-ci se révèlent parfois plus dangereuses encore que la maladie qu’elles sont censées traiter ! L’Allemand Samuel Hahnemann invente alors une nouvelle médecine basée sur les principes de similitude et de dimension infinitésimale (lire ci-contre). En d’autres mots, « soigner le mal par le mal » mais en des quantités insignifiantes. Troisième grand principe de l’homéopathie, l’individualisation : il ne s’agit pas d’attribuer un médicament contre une maladie donnée, mais d’envisager le patient dans sa globalité et d’adapter le traitement à sa situation particulière, physique et psychologique. Sur le papier donc, l’homéopathie a tout pour séduire.
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