Dossier paru dans Recherche & Santé n°160 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – automne 2019 /
Lorsque le cœur se retrouve soudainement privé d’oxygène, le muscle cardiaque souffre et se détériore irrémédiablement : c’est l’infarctus, qui chaque jour en France frappe plus de 300 personnes. Si des progrès importants ont été effectués en matière de prise en charge de cette urgence vitale, permettant de réduire la mortalité, médecins et chercheurs continuent de travailler pour améliorer la prévention, et réduire les séquelles d’un tel accident cardiovasculaire.
EXTRAIT :
L’infarctus est de plus en plus fréquent chez les femmes jeunes.
VRAI Une étude publiée en mars 2016 montre que le taux d’hospitalisation pour infarctus chez des femmes de 45 à 54 ans augmente d’environ 5 % par an depuis 10 ans. En cause, une modification profonde des habitudes de vie : plus de sédentarité et de stress, un déséquilibre alimentaire, le manque d’activité physique… et l’augmentation du tabagisme. Or l’association tabac + contraception hormonale constitue un véritable cocktail explosif chez les moins de 50 ans : il multiplie par 30 le risque d’infarctus !
Un infarctus peut survenir sans aucun signe caractéristique.
VRAI Face à une douleur violente et persistante dans la poitrine, de type serrement qui irradie dans le bras gauche voire dans la mâchoire, tout le monde pense à un infarctus. Cependant, une étude américaine menée entre 1994 et 2006 a montré que ces symptômes typiques peuvent être absents chez près des deux tiers des victimes d’infarctus ! Il peut alors s’agir d’une grosse fatigue, de malaises et vertiges, de douleurs à l’estomac ou de nausées, d’une sensation de danger immédiat… De sorte qu’on estime qu’en France, entre un tiers et la moitié des patients font l’erreur d’aller voir leur médecin de famille ou de se rendre eux-mêmes aux urgences par leurs propres moyens au lieu d’appeler immédiatement le 15.
Les séquelles d’un infarctus sont toujours les mêmes.
FAUX D’un patient à l’autre, les conséquences d’un infarctus peuvent être extrêmement variables. Tout dépend de la localisation de l’artère obstruée et donc de la partie du muscle cardiaque qui va manquer d’oxygène, et surtout de la durée de l’obstruction de cette artère. En effet, plus elle dure et plus le muscle cardiaque va être lésé irrémédiablement, et donc plus il y a des risques d’insuffisance cardiaque par la suite. Ainsi, plus l’infarctus est pris en charge tôt, plus vite l’artère est désobstruée, et moins il y a de risque de séquelles. Pour résumer cela, les cardiologues anglophones ont une formule simple : « time is muscle » (le temps, c’est du muscle).
Après un infarctus, il faut stopper toute activité sexuelle et affective.
FAUX Comme toute autre activité physique, l’activité sexuelle augmente le rythme cardiaque et la pression artérielle. D’après la Fédération Française de Cardiologie, elle peut être comparée à une marche de 3 à 6 km/h sur une surface plane, ou à 20 marches d’escalier montées en 10 secondes. Juste après un infarctus, il ne faut pas négliger sa vie affective ! Très rapidement, le risque de crise cardiaque pendant l’activité sexuelle est à nouveau très faible. Il est même moins important que lorsqu’on se met en colère ! À condition de pratiquer une activité physique régulière, et de bien prendre son traitement cardiovasculaire protecteur.
Une bonne hygiène dentaire diminue le risque d’infarctus.
VRAI La prolifération de certaines bactéries buccales, notamment à cause d’une gingivite ou d’une parodontite, pourrait favoriser la survenue d’un infarctus. En effet, lorsque la gencive saigne, cela favorise le passage des bactéries dans le sang. Celles-ci provoqueraient alors une inflammation chronique au niveau de la paroi des artères, qui favoriserait la formation de caillots sanguins pouvant boucher une artère.
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