Inné ou acquis, peut-on devenir un génie ?

Article paru dans “Un cerveau au top !”, le hors-série n°198 de “60 Millions de Consommateurs” avril-mai 2019 /

Intelligence supérieure, créativité, travail acharné… Quelles sont les conditions nécessaires pour que le génie émerge, et sont-elles accessibles à tous ?

Lorsque Mozart meurt à 35 ans, il est l’auteur de plus de 600 œuvres musicales et un génie incontestable. Mais si son père ne l’avait pas fait travailler assidument depuis son plus jeune âge, Wolfgang Amadeus serait-il devenu Mozart ? Le génie est-il une caractéristique innée ou le travail a lui seul permet-il de le faire émerger ? Depuis des années les spécialistes, psychiatres, psychologues, neurologues et historiens notamment, tentent de percer le mystère.

Un esprit libre et créatif

Définir le génie est un exercice difficile. Que peuvent avoir en commun Léonard de Vinci, Albert Einstein et Steve Jobs par exemple, qui se sont pourtant illustrés dans des disciplines et à des époques différentes ? Tous ont fait preuve d’une supériorité intellectuelle et surtout créative sur leurs contemporains, répondent les spécialistes. 

Pour Nancy Andreasen, « le génie est une capacité à produire quelque chose de hautement original. » Depuis 30 ans, cette neuropsychiatre à l’université de l’Iowa  s’intéresse aux génies de son époque, prix Nobel et écrivains de renom. Selon elle, et les tests psycho-cognitifs qu’elle leur fait passer, ces êtres hors du commun présentent des traits psychologiques communs : « audace, esprit de révolte, individualisme, absence de présupposés, persévérance, concentration, simplicité, aptitude au jeu, curiosité intense, humilité et désintéressement. » Quant aux images par résonnance magnétique (IRM) de leur cerveau en action, elles mettent en évidence « des activations plus fortes des cortex associatifs, ces aires cérébrales qui permettent les associations d’idées », explique t’elle. Les esprits géniaux auraient ainsi une capacité accrue à faire des connexions non évidentes pour le commun des mortels. Pour John Kounios, directeur du Creativity Research Lab de l’université Drexel de Philadelphie, « la créativité viendrait d’une diminution du contrôle exercé par le lobe frontal sur le reste du cerveau. Les pensées des personnes créatives seraient donc un peu moins disciplinées. »

La reconnaissance plus que l’intelligence

En 1905, les Français A. Binet et T. Simon inventent une échelle de mesure de l’intelligence humaine : le quotient intellectuel, ou QI. Ils considèrent toute personne ayant un QI supérieur à 140 comme géniale (cela représente moins de 1% de la population). Pourtant, comme le rappelle Dean Keith Simonton, professeur de psychologie à l’Université de Californie qui étudie l’intelligence et la créativité humaines, « nombre de personnes ayant un QI très élevé n’accomplissent rien d’original ni d’exemplaire. Marilyn vos Savant, que le Livre Guinness des recordsa présenté un temps comme la personne vivante ayant le QI le plus élevé en est un exemple (228 de QI au test de Stanford-Binet, une version moderne du test de Simon et Binet, ndlr). Elle tenait une rubrique hebdomadaire dans le supplément du dimanche d’un quotidien, mais n’est pas restée célèbre pour ses innovations en science, en art, ni même en journalisme. Inversement, nombre d’individus ayant produit des œuvres remarquables n’ont pas un QI particulièrement élevé. » D’après plusieurs études scientifiques, il semblerait tout de même qu’un QI un peu plus élevé que la moyenne, autour de 120, soit un minimum pour laisser s’exprimer la créativité intellectuelle à son plus grand potentiel. 

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