Juments à haut niveau

Hors série Cheval  Star – juillet 2008 

Performances, caractère, carrière sportive… Existent-ils des différences entre les juments et les chevaux mâles ? Certains les apprécient, d’autres préfèrent les éviter, mais pourquoi donc ?

On les dit parfois caractérielles, vicieuses, lunatiques. Sur le bord des carrières, on peut aussi entendre : « Moi, je ne monte jamais de juments ». Alors, mauvaise réputation ou vrai problème de caractère ? Ce qui est certain, c’est que les juments ne sont pas moins bonnes que les autres, il existe même de vraies championnes qui n’ont pas à pâlir devant ces messieurs les hongres et les étalons ! Elles s’appellent Cigale du Taillis, qui brille en saut d’obstacles sous la selle d’Eugénie Angot ou Hanaba du Bois, championne d’Europe d’endurance en septembre dernier. On se souvient aussi de Fine Merveille et de sa médaille d’or par équipe en concours complet aux J.O d’Athènes. Côté performance donc, elles n’ont rien à envier aux autres. Elles sont tout à fait capables de se présenter à des grandes épreuves et affichent même d’excellents résultats.

Les différences sont donc à chercher du côté du caractère : « un hongre, c’est en général très facile à gérer, il n’a pas de sautes d’humeur, surtout s’il a été castré jeune. Une jument, c’est un peu plus compliquée, surtout en période de chaleurs. Et le plus difficile à gérer, c’est l’étalon évidemment ! », explique Eugénie Angot. Le problème donc, ce sont les chaleurs (voir encadré). Pendant cette période, certaines juments sont difficiles à gérer, plus nerveuses face aux autres chevaux, moins motivées pour le travail. C’est pour cette raison que certains cavaliers ne les apprécient pas. Mais il existe aussi beaucoup de juments qui ne changent pas de caractère, et chez qui les chaleurs passent inaperçues la plupart du temps. « De toute façon, les vrais champions, mâles ou femelles, sont des chevaux qui ont du caractère. Si on est un bon cavalier, il n’y a donc pas de problème à monter une jument », pense Patrice Delaveau, qui monte la belle Katchina Mail.

Dans les 20 meilleurs chevaux du monde actuellement en saut d’obstacles, on ne compte que 6 juments. Pourquoi ne sont-elles pas plus nombreuses ? « Les hongres, parce qu’ils sont plus faciles, ont toujours été les plus nombreux. Et en ce moment, il y a un effet de mode pour les étalons. En fait les juments sont rares en compétition parce que les éleveurs ne pensent pas toujours à tester dès leur plus jeune âge leur capacité. Et quand on a une bonne jument, on préfère le plus souvent la garder pour la reproduction, c’est un vieux réflexe », explique l’éleveur Bernard Le Courtois. Pourtant il existe maintenant des techniques, comme le transfert d’embryon, qui permettent à une jument de mener de front carrière sportive et poulinages (voir encadré). Mais les propriétaires sont encore frileux, et ils sont peu nombreux à oser ce pari. Dommage, car nous, on aime bien voir briller ces dames sur les terrains de concours ! …/…

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