La peur : une émotion clé

Cheval Magazine n°434 Dossier – janvier 2008

Le cheval est naturellement peureux. Cette émotion est en effet essentielle à sa survie face aux prédateurs. Mais l’homme, en apprenant à reconnaître cette peur, ce qui peut la déclencher et comment elle se manifeste, peut l’aider à la gérer, et à la dépasser. Comprendre cette émotion-clé permet de mieux la maîtriser et ainsi d’apaiser la relation entre l’homme et le cheval.
1ère partie : Une émotion au cœur du comportement équin

Le cheval est un animal hypersensible. Chez lui, la peur est un instinct très fort qui peut se manifester à tout moment.

Les émotions font partie du quotidien du cheval. Ressentir la joie, la colère ou la surprise lui permet de communiquer avec ses congénères, mais aussi de réagir face à son environnement. Parmi toutes ces émotions, la peur joue un rôle central. C’est d’ailleurs celle qui est le plus étudiée chez le cheval et que nous connaissons donc le mieux. Il suffit de se pencher sur le mode de vie du cheval à l’état sauvage pour mieux comprendre son importance.

Dans sa nature

Le vétérinaire américain Robert Miller est un spécialiste mondialement reconnu de l’éthologie équine. Selon lui, il existe des caractéristiques comportementales propres au cheval qui permettent de mieux cerner pourquoi la peur est une émotion qui compte tant : il note ainsi que le cheval est le seul animal domestique commun chez qui, à l’état sauvage, la fuite est un instinct de survie primaire. Face aux prédateurs, cet herbivore n’a en effet aucun autre moyen de se protéger que d’échapper rapidement. Pour cela, le cheval est doué de capacités de perception extrêmement développées et très rapides. Car il lui faut repérer les dangers le plus tôt possible pour pouvoir réagir au mieux. Mais à côté de ça, le cheval peut être désensibilisé facilement. Il apprend en effet très vite à faire la différence entre quelquechose de simplement inquiétant et une vraie menace. En outre, il a une mémoire infaillible. Mais ne négligeons pas le fait que, si « les chevaux n’oublient jamais, ils peuvent cependant pardonner », souligne Robert Miller.

Selon ce vétérinaire, le cheval distingue chaque expérience de vie selon deux catégories : ce qui ne doit pas être craint et que l’on peut ignorer d’une part, et ce qui doit être craint et que l’on doit donc fuir d’autre part. Enfin, la vie en groupe a des conséquences importantes : en tant qu’animal social, le cheval accepte facilement la domination. Donner sa confiance à un leader lui permet de mieux gérer sa peur. Dernier point : le cheval est une espèce très précoce. Comme toutes les proies, il est capable de fuir dès les premières heures de sa vie. Il apprend à reconnaître le danger dès son plus jeune âge.

Des signes qui ne trompent pas

Comme toute émotion, la peur provoque des manifestations physiques et physiologiques. Il est facile d’en reconnaître les signes : une immobilisation brusque de l’animal, l’encolure relevée et les oreilles dressées sont le signe d’une attention soutenue. C’est en général suivi de la fuite. Plus le danger est perçu comme important, et plus ce désir de fuir sera fort. Quand la peur est provoquée par la surprise, le cheval fait un écart. Ensuite, si la curiosité est plus forte que la peur, il n’est pas rare de le voir revenir examiner de plus près ce qui l’a d’abord effrayé. Les manifestations physiologiques sont assez semblables à celles qui se produisent chez l’homme dans les mêmes conditions : le cœur s’emballe, la respiration se fait plus courte et plus rapide, parfois le cheval transpire, il devient hyper vigilant à son environnement. Il réagit de façon exagérée au moindre stimulus, prêt à bondir à la moindre occasion, on parle alors d’hyperesthésie* (exagération des perceptions sensorielles)…/…

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