Février 2016 – Profession Sage-femme n°222 /
Prévus pour prendre le relai des maternités qui ferment, les centres périnatals de proximité (CPP) seraient aujourd’hui 78 en France métropolitaine selon la Cour des comptes. Ils rassemblent des structures aux fonctionnements très hétérogènes, à l’avenir incertain.
Depuis fin 1998, un décret prévoit que « les centres de naissances publics qui ne sont plus autorisés à pratiquer des accouchements (activité inférieure à 300 par an) peuvent continuer à exercer des activités pré et postnatales et prennent l’appellation de “centre périnatal de proximité“. » Ce décret acte la naissance des CPP, et c’est aujourd’hui encore le seul texte officiel quant à ces structures. L’objectif, alors, est clairement de maintenir une offre de proximité. Plus tard, le plan périnatalité 2005/2007 a réaffirmé cette volonté, prévoyant notamment le renfort et l’extension du rôle des CPP. Mais à y regarder de plus près, la réalité est plus hypothétique.
Reclasser une partie du personnel
« Le centre a été créé en 2008 après la fermeture de la maternité de Châtillon sur Seine (Côte d’Or), qui était une structure très isolée avec seulement 200 à 250 accouchements par an, raconte Odile Schmidt. Ca a été assez dur pour l’ensemble du personnel, nous étions une vingtaine au total. Au départ l’ARS avait prévu 4 sages-femmes travaillant à mi-temps en binôme soit 2 ETP (équivalents temps plein), ainsi qu’un ETP d’auxiliaire de puériculture, plus des vacations de gynécologues venant environ un jour par semaine du CHU de Dijon, avec qui nous avons une convention, et un pédiatre une après-midi par semaine. » Sept ans plus tard, cette sage-femme travaille désormais à temps plein, avec une collègue à 80 % et une autre à mi-temps. Pédiatre et auxiliaire de puériculture ne sont plus présents. Cette évolution, beaucoup de CPP la connaissent. Dans un premier temps, les structures ouvrent en essayant de reclasser un maximum de personnel, profitant du départ à la retraite de certains, voire des réorientations professionnelles d’autres pour revoir les effectifs à la baisse. « L’ouverture du CPP en février 2015 a été anticipé : grâce à une convention avec la maternité de St Dizier, une partie du personnel a pu être replacée là-bas, témoigne ainsi Carole Delmas à Vitry-le-François (Marne). Tout le monde aurait bien aimé rester ici évidemment, mais finalement nous ne sommes plus que deux sages-femmes. » Puis dans un deuxième temps, faute d’activité suffisante, il est très fréquent que les effectifs diminuent encore.
Repenser l’offre
« Ici nous faisons tout : suivi de grossesse de la pré-conception au post-natal, préparation à la naissance, monitoring, échographies, suivi post-natal avec pesées du bébé, suivi d’allaitement et rééducation du périnée, décrit Odile Schmidt du CPP de Châtillon sur Seine. Nous prenons aussi en charge des sorties précoces à la demande des maternités ou de la PMI en cas de nécessité. Nous réalisons aussi le suivi gynécologique classique et les IVG médicamenteuses. » Cette offre étendue est a priori ce qui a été prévu par le décret de 1998 complété par la loi de 2009 étendant les missions des sages-femmes. Mais peu de CPP sont en mesure de proposer une telle diversité à leurs patientes, soit parce que les sages-femmes ne sont pas formées (échographie, IVG…), soit pour des problèmes d’organisation et d’emploi du temps. « On évite d’être toutes les 3 occupées en même temps car c’est aussi nous qui répondons au téléphone et gérons le secrétariat », précise ainsi Odile Schmidt. Certains centres tiennent compte du paysage périnatal préexistant et des particularités de leur bassin de population pour définir leur périmètre d’intervention : « À la demande de l’ARS (de Poitou Charente, voir encadré), nous ne faisons pas de préparation à la naissance ni de rééducation du périnée, pour ne pas concurrencer les libérales et travailler sereinement avec elles, explique Aurélie Masteau, du CPP de Royan (Charente Maritime), ouvert en janvier 2015. Par contre, nous gérons les urgences obstétricales et gynécologiques. En été, le territoire accueille beaucoup de touristes, et les temps de trajets jusqu’aux maternités peut facilement doubler, notre activité relative aux urgences devient alors très importante. »
La plupart des CPP accueille régulièrement des gynécologues-obstétriciens, c’est un minimum. Certains ont une offre plus étendue, dépendant en général du centre hospitalier sur lequel ils s’appuient : « l’ancien chef de service de la maternité est ici à plein temps, il se partage à 50 % pour le CPP et à 50 % à ses consultations privées. Nous avons aussi une diététicienne attachée à l’hôpital », raconte Carole Delmas de Vitry-le-François. A Royan, le CPP bénéficie quant à lui d’un psychologue deux jours par mois et une sage-femme spécialisée en hygiène alimentaire (diabète gestationnel) et une sage-femme échographiste.
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