Les chevaux crèmes, une race à part entière

Cheval Magazine n°430 rubrique Races – septembre 2007

Ils brillent dans les spectacles équestres et séduisent de plus en plus de cavaliers amateurs. Mais leur accession au rang de race depuis deux ans n’est pas sans poser quelques questions.

Quiconque croise un jour un cheval crème ne peut rester indifférent. La majorité d’entre nous a découvert ces chevaux à la robe si particulière en 2000, lors de la création à Avignon du spectacle Triptyk de Zingaro. Trois ans plus tard, ces lusitaniens crème sont les premiers arrivés à Versailles, constituant ainsi l’identité visuelle de l’Académie du spectacle équestre créée par Bartabas. Bien qu’ils ne soient pas eux mêmes de race crème, ces grands blonds aux yeux bleus ont permis d’amener le public à s’intéresser à cette nouvelle race. On ne pouvait rêver meilleure campagne de communication !

Robe ou race ? La situation du cheval crème n’est pas si simple. La robe crème (voir infographie) existe chez les quarter horse, les arabes ainsi que les ibériques. Mais elle a longtemps été considérée comme un désavantage. Pour de nombreux éleveurs, la naissance d’un poulain crème était un désastre : on pensait alors que ces chevaux étaient albinos, avec une mauvaise vue et une peau fragile. Grossière erreur : il n’existe pas de cheval albinos viable. Victimes de ces préjugés, les chevaux crème sont longtemps restés un exception en France. Ce n’est pas le cas aux Etats-Unis où une association, l’American Creme Horse Registry (ACHR),  en assure la promotion depuis 1937 ! En France, rien n’aurait bougé sans le lobby de Vanessa Jenkins. Suivant son mari venu là pour le travail, cette anglaise s’est installée dans l’Hexagone en 1974 avec Cravens Enchanter, son poulain crème de 10 mois possédant des papiers ACHR (voir encadré). À la même période, Christiane Boudet, spécialisée dans l’élevage de chevaux de couleurs, commence à faire naître des poulains crème. « Comme personne n’en voulait, on les a gardé et on s’est rendu compte que ces chevaux-là étaient en parfaite santé ! », raconte t’elle. Séduite, elle prend contact avec des spécialistes pour comprendre les bases génétiques de ces robes diluées. « J’ai compris qu’en croisant un cheval crème avec un alezan on obtient à coup sûr un palomino, et je vendais essentiellement des palominos à l’époque. Avoir des reproducteurs crème était donc intéressant pour moi », poursuit-elle. Les deux femmes feront connaissance quelques temps plus tard : c’est chez elle que Vanessa Jenkins trouvera, après une longue recherche, une jument crème à croiser avec son étalon…/…

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