Lutter contre les douleurs pour améliorer la vie des patients. Interview FRM#135

Interview paru dans Recherche & Santé n°135
La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – juillet 2013

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« Il n’y a pas une mais des douleurs. Le contexte émotionnel, culturel, éducatif… joue un rôle crucial dans le ressenti de la douleur et nous ne pouvons le négliger. »
Le Pr Alain Serrie est Chef de service du service de médecine de la douleur et médecine palliative à l’hôpital Lariboisière (Paris). Militant actif pour une meilleure prise en charge de la douleur, il a effectué de nombreuses recherches dans ce domaine au sein de l’Inserm, et participé à l’élaboration de plans gouvernementaux sur ce thème.
Le contexte actuel reconnaît-il l’importance de la prise en charge de la douleur ?
Alain Serrié : Plusieurs plans gouvernementaux se sont succédés depuis 1998 afin d’améliorer la situation. Depuis mars 2002, la loi relative aux droits des patients et à la qualité du système de santé reconnaît le soulagement de la douleur comme un droit fondamental de toute personne. Et cette année, en juin, la ministre de la santé Marisol Touraine devrait annoncer un programme national contre la douleur, qui tiendra compte de l’audit réalisé par le Haut Conseil de la Santé Publique sur les plans précédents. Un axe prioritaire devrait être donné sur la prise en charge de la douleur en dehors de l’hôpital, au plus près des patients. Des missions de sensibilisation et d’information du grand public devraient aussi être annoncés. Enfin, un effort dans le domaine de la prévention devrait être fait. De plus en plus de soignants sont formés à la prise en charge de la douleur, désormais c’est du côté des patients qu’il nous faut faire des efforts de communication, et leur expliquer qu’il y a beaucoup de situations dans lesquelles il est anormal qu’ils souffrent.

Quels sont les douleurs pour lesquelles nous manquons encore de moyens ?
Alain Serrié : Elles sont de plusieurs types. Il y a les douleurs neuropathiques, dues à un zona ou un diabète que nous avons beaucoup de mal à traiter. D’autant plus que nous n’avons aujourd’hui aucun outil nous permettant de savoir pourquoi tel diabétique va souffrir et pas un autre par exemple. Donc nous ne pouvons faire de prévention. Des traitements existent, mais les résultats sont pour l’instant insuffisants. Il y a aussi le domaine des douleurs en santé mental, prendre en charge un schizophrène ou un autiste est très délicat, car la douleur ne se manifeste pas de façon habituelle. Le dépistage est très compliqué. Tout comme chez les personnes âgées et les jeunes enfants. Nous avons besoin de nouveaux outils d’évaluation de la douleur chez tous ces patients-là.

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