Cheval Magazine n°464 rubrique Vétérinaire – juillet 2010
Pour un éleveur, la possibilité de choisir le sexe du poulain à naître au moment même de la fécondation peut présenter divers avantages et éviter quelques déconvenues ! Aujourd’hui, deux techniques s’offrent à lui. Mais leur coût et leurs contraintes risquent de freiner leur mise en application à une grande échelle.
Elle s’appelle Call Me Madam. Cette jument née en 1998 est le tout premier équidé dont on a choisi le sexe avant même sa procréation, puisque pour créer cet embryon des spermatozoïdes porteurs du chromosome X ont exclusivement été utilisés (voir schéma). Un petit exploit biologique réalisé par la compagnie américaine XY, basée au Texas, qui depuis, n’a pas réussi à transformer l’essai. Cependant, 2011 pourrait bien voir naître de nouveaux poulains de ce type, c’est-à-dire dont le sexe a été décidé au moment même de la fécondation, puisque cette année vont être officiellement commercialisées les premiers lots de paillettes de sperme sexés.
Pourquoi choisir le sexe du poulain ?
De nombreuses raisons peuvent conduire à vouloir choisir le sexe d’un poulain. Par exemple, dans le monde de l’élevage, c’est bien connu, certains étalons se révèlent être de meilleurs pères de mères que pères de mâles, et vice-versa. Par ailleurs, imaginons une jeune jument avec un très fort potentiel sportif, on préféra que ses premiers poulains soient des femelles afin d’augmenter le cheptel de mères pouvant transmettre la génétique de cette athlète. Idem avec une mère de très grande qualité, on préféra qu’elle ait des filles à la fin de sa carrière pour reprendre le flambeau. À l’inverse, dans le monde des pur-sang anglais, on préfère donner naissance à des mâles, considérés comme plus rapides sur les champs de courses.
Choisir le sexe peut avoir ainsi de nombreux avantages et permettre notamment de faire progresser plus rapidement une race, et ce d’autant plus que l’intervalle entre deux générations chez les chevaux est relativement long. Dans l’industrie laitière, où cette disposition biologique existe déjà depuis une dizaine d’années, on estime que le sexage de la semence permet d’augmenter de 15 % le taux de progrès génétique par rapport aux méthodes conventionnelles d’insémination…/…