Dossier sur le microbiote intestinal paru dans Recherche & Santé n°150 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – mai 2017 /
Notre intestin héberge naturellement des milliers de milliards de bactéries. Diversité, interactions avec nos fonctions digestive, immunitaire, neurologique… les recherches se multiplient. En parallèle, l’altération des relations entre notre organisme et ce microbiote, est envisagée comme une piste sérieuse pour comprendre les mécanismes de certaines maladies. Avec ces découvertes naissent de nouveaux espoirs : la possibilité de prévenir voire de mieux soigner ces maladies.
Extraits :
Notre intestin renferme plus de microorganismes qu’il n’y a de cellules dans tout notre corps.
VRAI Dans les revues scientifiques circule le chiffre de cent mille milliards (1014) de microbes qui vivraient dans notre côlon, soit dix fois plus que toutes les cellules de notre organisme. Une estimation qui date du début des années 1970. Mais l’année dernière, des chercheurs israéliens ont refait le calcul, en se basant cette fois sur les récentes connaissances quant à ce microbiote. Selon eux, le ratio serait plutôt de 1,3/1 entre bactéries et cellules humaines. En d’autres termes, « le nombre de bactéries dans nos corps est du même ordre que le nombre des cellules humaines. » Pas de quoi cependant minorer l’importance du microbiote !
Nous avons tous le même microbiote intestinal.
FAUX Sa composition varie entre individus. En 2011, une étude conduite par le consortium européen MetaHIT et intégrant plus de 200 personnes originaires de 3 continents (Europe, Etats-Unis, Japon) a ainsi révélé que les individus peuvent se répartir en trois groupes distincts, en fonction des microbes contenus dans leurs intestins et des gènes qu’ils expriment. L’étude montre aussi que ces trois « entérotypes » sont indépendants de l’origine géographique, de l’état de santé (surpoids ou maladies inflammatoires du tube digestif), du sexe, ou de l’âge des individus.
L’alimentation a des effets sur le microbiote intestinal.
VRAI Les aliments que nous consommons jouent un rôle essentiel dans le maintien de la diversité et du fonctionnement du microbiote, même si celui-ci reste en grande partie stable tout au long de la vie. Les fibres contenues dans les fruits et légumes ainsi que les céréales complètes, stimulent la croissance et l’activité de certaines bactéries bénéfiques pour notre santé, et favorise la richesse du microbiote. D’autre part les probiotiques, des micro-organismes contenus naturellement dans certains aliments ou ajoutés, comme les ferments lactiques, peuvent contribuer aux fonctions protectrices du microbiote intestinal. D’où l’importance d’une alimentation variée et équilibrée !
Les probiotiques font grossir.
FAUX Dans l’élevage animal, certains probiotiques sont utilisés comme des « facteurs de croissance ». Mais s’ils permettent aux animaux de bien grossir, c’est avant tout parce qu’ils favorisent un bon fonctionnement de leur microbiote intestinal et une meilleure protection contre les infections. Chez l’homme, malgré l’inquiétude exprimée par certains scientifiques, rien ne permet de dire que les probiotiques à eux seuls favorisent la prise de poids et le développement de l’obésité.
Il faut prendre soin du microbiote vaginal.
VRAI Les bactéries présentes naturellement dans le vagin jouent un rôle important, notamment dans la protection contre certaines infections locales provoquant une vaginose voire une vaginite. Pour ne perturber l’équilibre de ce microbiote, les douches vaginales sont à proscrire, et il convient d’utiliser correctement les protections mensuelles (tampons, serviettes hygiéniques, moon cup…), c’est-à-dire d’en changer très régulièrement. Par ailleurs, l’utilisation de probiotiques administrés par voie vaginale (par exemple sous forme d’ovules) ou même par voie orale, est envisagée par les chercheurs pour rétablir ou préserver l’équilibre de ce microbiote.