Article paru dans le mensuel « Ça m’intéresse » n°461 juillet 2019 /
Au cœur des océans, ça clique et ça craque : on est bien loin du Monde du Silence ! Depuis une quinzaine d’années, scientifiques et plongeurs tentent de décrypter le mode de communication chez les cachalots.
Il y a des rencontres qui changent littéralement une vie. Celle qu‘a faite Fabrice Schnöller il y a 7 ans au large de l’Île Maurice en fait partie : il a nagé parmi un clan de cachalots, ces « géants bienveillants » et entendu rien de moins que le son le plus puissant du règne animal ! Après cette plongée magique, sa vie bascule. Il abandonne sa carrière d’ingénieur et monte le projet DareWin. Objectif : mettre au point un système de caméras à 360° et d’hydrophones (des microphones sous-marins) pour étudier le langage des cétacés.
Des clics et des groupes
Ce qui intrigue le plus chez le cachalot, c’est sa tête massive. Elle renferme un cerveau de 8 kg – un record chez les êtres vivants -, et surtout un système d’écholocation perfectionné (voir infographie). Ce sens, qu’il partage notamment avec les dauphins et les chauves-souris, « est un système de visualisation sonore qui fonctionne à la manière d’un sonar ou d’une échographie », explique Hervé Glotin, chercheur en intelligence artificielle et bioacoustique à l’Université de Toulon. Il est si perfectionné qu’il permet au cachalot de capturer ses proies dans l’obscurité totale des abysses.
L’écholocation repose sur l’émission répétée de clics, des sons de quelques dixièmes de seconde. Or depuis 1985, année où la chasse du cachalot a enfin été interdite, plusieurs équipes de scientifiques dans le monde ont l’intuition que ces clics seraient aussi à la base d’un système de communication très élaboré. C’est que les cachalots, à la différence des baleines à fanons, ne chantent pas. Autre différence : ils vivent en clans d’environ 20 à 40 individus où les liens sociaux sont très développés, avec notamment une grande solidarité dans les soins apportés aux jeunes.
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