Article paru dans Recherche & Santé n°153 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – hiver 2018 /
C’est une question sur laquelle planchent de nombreux scientifiques à travers le monde. Pour y répondre, une équipe internationale composée notamment de chercheurs de l’unité Inserm U1116 (Université de Lorraine, Nancy) s’est intéressée aux télomères, ces structures qui, en quelque sorte, protègent nos chromosomes de l’usure du temps (lire ci-contre). Des études précédentes ont déjà montré que des télomères courts sont associés à un risque plus important de maladies cardiovasculaires, mais aussi à une moindre longévité. En sa basant sur l’espérance de vie actuelle et l’espérance de vie à 100 ans, les chercheurs ont cette fois calculé que dans les globules blancs, une longueur de télomères moyenne inférieure à 5 kb représente un risque imminent de mort. De sorte que l’espérance de vie pourrait bientôt ne plus augmenter au delà de 100 ans, à cause de cette limite de longueur des télomères.
Cet été, une équipe néerlandaise a quant à elle affirmé que la durée de vie maximale humaine est de 115,7 ans pour les femmes et 114,1 ans pour les hommes, en étudiant les données démographiques de 75 000 de leurs compatriotes sur les 30 dernières années. Certes, « en moyenne, on vit plus longtemps, mais les plus âgés parmi nous ne sont pas devenus plus âgés au cours des trente dernières années » a conclut John Einmahl, co-auteur de cette étude. Ce qui n’empêche pas certains individus, au parcours tout à fait exceptionnel, de dépasser cette limite théorique : la Française Jeanne Calment décédée en 1997 détient ainsi le record officiel de longévité de l’humanité, avec une vie de 122 ans et 164 jours.
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Les télomères sont des portions d’ADN situées aux extrémités de chaque chromosome et qui ne codent aucun gène en particulier. Leur fonction est de protéger l’intégrité de notre génome. En effet, à chaque division cellulaire, les chromosomes raccourcissent. La présence des télomères permet ainsi de prévenir toute perte de données essentielles. Cependant, comme aucun mécanisme naturel de réparation de ces télomères n’existe de façon généralisée dans les cellules (en dehors des cellules sexuelles). Le nombre de cycles de division cellulaire est donc limité par la longueur de ces télomères.